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Definition and meaning of faîte

faite

  • féminin singulier de fait
  • participe passé féminin singulier du verbe faire

Definitions

fait (adj.)

1.destiné à, voué à. Promis au succès.

2.fabriqué.

3.mûr (personnes).

4.fermenté.

5.qui a atteint son plein développement en parlant d'un fruit ou d'une graine.

6.(pour un lit) avec les draps et les couvertures mis en ordre " un lit bien fait "

fait (n.m.)

1.concept dont la vérité peut être prouvée (ex. une hypothèse scientifique n'est pas un fait).

2.élément d’information sur les circonstances ou les événements survenus " d’abord, vous devez collecter toutes les données de la situation "

3.événement dont on sait qu'il a eu lieu ; chose dont on sait qu'elle a une existence.
ex.
une peur non fondée sur des faits
quelle part de cette histoire appartient aux faits et quelle part appartient à la fiction.

4.action de faire. Ce qui est fait.

5.(dans certaines expressions)motif, raison (dans certaines construction) "ne le faites pas sur mon fait " "le document a été rejeté du fait de sa longueur" "il a essayé de blâmer la victime mais son succès sur ce fait était douteux"

faîte (n.m.)

1.ligne le long du sommet d'une montagne, d'un mur, d'un toit, d'une vague.

2.poutre constituant l'arête supérieure d'un comble.

3.partie supérieure (de qqch)
"la tondeuse coupe le dessus de l'herbe"
"le titre doit être écrit en haut de la première page"

4.(figuré)plus haut degré de (qqch); sommet, apogée, comble de (qqch); point de plus haut développement de (qqch).

faire (v. pron.)

1.se tourmenter, s'alarmer de quelque chose, se faire du souci pour qqch.

2.gagner comme paiement ou comme salaire (ex. combien vous faites-vous en un mois dans votre nouvel emploi? ; elle gagne beaucoup dans son nouvel emploi ; cette fusion a rapporté beaucoup d'argent ; il gagne 5000 € par mois.)

3.chercher à plaire, provoquer une attirance; conquérir, captiver.

faire (v. intr.)

1.être calculé à (qqch) " les frais font moins de 1000€"

2.accomplir une action, effectuer quelque chose par des actes méthodiques. Procéder.

3.produire un effet particulier.

4.(familier)avoir (tel comportement).

faire (v. trans.)

1.provoquer, être à l'origine de, causer quelque chose.

2.créer, fabriquer (un artefact) " Nous produisons plus de voitures que ce que l'environnement peut en supporter " " La société fabrique des jouets depuis deux siècles "

3.produire (qqch) en transformant, façonnant ou réunissant des constituants
" faire une robe " " faire un gâteau " " faire un mur de pierres "

4.faire semblant d'avoir certaines qualités ou un certain état d'esprit
"Il a joué à l'idiot"
"Elle fait la sourde oreille quand les nouvelles sont mauvaises"

5.constituer l'essence de (qqch) " l'habit ne fait pas le moine "

6.expérimenter, ressentir, se soumettre à (ex. faire le test (sur soi-même) ; faire le grand saut.)

7.créer, donner forme à.

8.obliger (qqn ou qqch) à faire qch d'une certaine manière
"On ne peut pas faire s'intégrer les gens simplement en adoptant une loi !" "La chaleur fait transpirer"

9.commettre "faire une erreur" "commettre un faux-pas"

10.atteindre du fait d'un calcul (pour une propriété numérique) " Les factures s'élevaient à 2000€ "

11.donner lieu à (qqch) ; causer que (qqch) se produise (pas toujours intentionnellement) " provoquer une agitation " " faire du bruit " " provoquer un accident "

12.établir et émettre "remplir un chèque" "Veuillez me faire le chèque"

13.être dans un état, une condition ou une situation particulière " "comme les choses sont", nous ne pouvons rien faire pour aider ; Comment êtes-vous au plan financier? "

14.favoriser le développement de (ex. l'entraînement fait le vainqueur.)

15.atteindre un total de (nombre) " quatre et quatre font huit "

16.créer par des moyens artistiques (ex. créer un poème ; Picasso créa le cubisme.)

17.causer que qqch fasse ; faire faire; faire agir d'une manière spécifiée (ex. les publicités m'ont incité à acheter un gadget ; mes enfants m'ont fait acheté un ordinateur ; ma femme m'a fait acheter un nouveau canapé.)

18.faire être ou devenir " faire du bazar dans le bureau " " faire une colère "

19.transmettre (à qqn), (un compliment, des salutations, une attention, etc.)
"Ne fais pas attention à lui"
"fais-lui mes meilleures salutations"
"faites attention"

20.former (un mot) (pour des lettres) ""e-a-u" fait "eau"."

21.organiser (événement, fête etc.) "Nous donnerons une fête pour notre anniversaire de mariage." "donner un cours"

22.faire se produire ou se produire en conséquence
"Je ne peux pas faire de miracle" "faire des ravages" "faire des commentaires" "faire une blague"

23.charger (qqn) d'une fonction ; charger (qqn) d'être
"il a nommé Patricia à la tête du comité"
"Elle a été nommée présidente du club"

24.s'engager dans "faire l'amour, pas la guerre" "faire un effort" "faire des recherches" "ne rien faire" "faire la révolution"

25.(didactique)faire disparaître une contrainte en accomplissant une condamnation jusqu'à son terme. Purger sa peine.

26.(théâtre)jouer le rôle de " Jean fait Hamlet"

faire (v. d'état)

1.présenter un aspect particulier.

faire (v.)

1.préparer des aliments afin de les consommer.

2.établir, fonder, construire quelque chose.

3.être dans un certain état, pour l'atmosphère (ex. faire chaud, faire beau).

4.effectuer ou exécuter une action " John a fait la peinture, le désherbage et il a nettoyé les gouttières " " le patineur a exécuté une triple pirouette "
" elle a fait une petite danse "

5.aller dans un lieu pour le découvrir ou l'examiner.

6.commencer à être (ce qu'on n'était pas).

7.consacrer (qqch) (à autre chose) "donner ses pensées à" "donner une priorité à" "prêter attention à"

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Definition (more)

definition of faîte (Littré)

definition of Wikipedia

Synonyms

fait (adj.)

bon à boire, foutu, mûr, promis à, voué à, destiné  (J + à + comp), étudié  (J + pour + comp, J + pour + Ginf)

fait (n.m.) (dans certaines expressions)

compte  (dans certaines expressions)

faîte (n.m.) (figuré)

apogée, pinacle, point culminant, summum, acmé  (péjoratif), cime  (figuré), comble  (figuré), sommet  (figuré), zénith  (figuré)

faire (v.)

accomplir, accoucher, accoutumer, acquitter, adresser, agir, aider, allouer, amasser, apprendre, apprêter, appuyer, astiquer, attraper, avoir, brûler, bûcher, causer, célébrer, changer, charger, chercher, chiader, chier, chiper, choper, cirer, commettre, composer, confectionner, constituer, contenir, contrefaire, convertir, coter, couper, courir, coûter, couvrir, créer, crotter, cueillir, cuire, cultiver, débiter, décider, déféquer, dégrossir, dérober, dessiner, détailler, déterminer, devenir, dévorer, dire, donner, dresser, duper, durer, écrire, édifier, effectuer, égaler, élaborer, élever, élucubrer, embobiner, enfanter, engendrer, entortiller, entreprendre, entretenir, épauler, équivaloir, établir, être, étudier, évacuer, évaluer, exécuter, exercer, extorquer, fabriquer, façonner, faire naître, familiariser, farder, faucher, fêter, ficher, figurer, forger, former, formuler, fournir, foutre, fricoter, frotter, gagner, goupiller, habituer, imiter, importer, imposer, impressionner, instaurer, instituer, instruire, intenter, interpréter, jauger, jouer, lâcher, laver, lever, lustrer, manufacturer, maquiller, mesurer, métamorphoser, mettre à exécution, mettre bas, mijoter, modeler, monter, nettoyer, nommer, observer, obtenir, occasionner, opérer, organiser, paraître, parcourir, parfaire, peigner, perpétrer, peser, piocher, piquer, pisser, plier, polir, pondre, potasser, pousser, pratiquer, prendre, préparer, prétendre, prêter, procéder, procréer, procurer, produire, proférer, prononcer, prospecter, provoquer, publier, ramasser, ranger, réaliser, récolter, récurer, refaire, remplir, remporter, rendre, répliquer, répondre, reproduire, réussir, s'acquitter, s'adonner, s'appuyer, s'employer, s'occuper, satisfaire, se coltiner, séduire, se livrer, se mêler, semer, se permettre, se prendre, servir, sillonner, simuler, singer, sortir, soulever, soutirer, susciter, tenir, tirer, tracer, traiter, transformer, transmuer, travailler, tuer, uriner, user, usiner, valoir, vendre, visiter, voler, bâtir  (V+comp, figuré), construire  (V+comp), cuisiner  (V+comp), représenter  (vieux)

faire (v. d'état)

avoir l'air de, apparaître  (V+attribut, V+attribut--à+comp, V+attribut--pour+comp, V+comme + attribut), avoir l'air  (V+propriété du sujet, V+attribut, V+attribut--à+comp, V+comme + attribut, V+de+Ginf), avoir l'apparence  (V+de + propriété du sujet), avoir l'aspect  (V+attribut), donner l'impression d'être  (V+attribut, V+attribut--à+comp, V+comme + attribut--à+comp), paraître  (V, V+attribut, V+attribut--à+comp, V+comme + attribut), paraître être  (V+attribut, V+attribut--à+comp, V+comme + attribut), sembler  (V+attribut, V+attribut--à+comp, V+comme + attribut, V+Ginf), sembler être  (V+attribut, V+attribut--à+comp, V+comme + attribut)

faire (v. intr.)

accomplir une action, agir  (V, V+avec+qqn (V+ensemble)), opérer  (V)

faire (v. intr.) (ellipse;familier)

faire ses besoins  (V)

faire (v. intr.) (familier)

tenir, comporter  (se+V, se+V comme + attribut, se+V en + attribut), conduire  (se+V, se+V en+comp)

faire (v. pron.)

en faire, gagner, ruminer, biler  (se+V, familier), charmer  (V+comp), faire de la bile  (se+V, figuré), faire de la mousse  (se+V, familier), faire des cheveux  (se+V, ellipse), faire du mauvais sang  (se+V, se+V à propos de+comp), faire du mouron  (se+V, familier), faire du souci  (se+V pour+comp), inquiéter  (s'en V pour+comp, se+V de+comp), préoccuper  (V+de+Ginf, V+comp, se+V de+comp), séduire  (V+comp, V), soucier  (se+V de+Ginf, se+V que +Gsubj, se+V de+comp), tracasser  (se+V)

faire (v. pron.) (argotique)

envoyer  (se+V+qqn (O), argotique), payer  (se+V+qqn (O), argotique), taper  (se+V+qqn (O), argotique)

faire (v. trans.)

agir comme, apporter, avoir, causer l'existence, créer, désigner, être, fabriquer, inciter à, nommer, produire, provoquer, remplir, reproduire, situer, totaliser, trouver, donner  (familier), donner naissance  (V+à+comp, figuré, transitif indirect : à), élever  (transitif indirect : à), enfanter  (V+comp, figuré, littéraire), engendrer  (V+comp), faire exister  (V+comp), faire naître  (V+comp), monter  (transitif indirect : à)

faire (v. trans.) (ellipse)

établir  (V+comp, ellipse), établir une facture  (V+de+comp--à+qqn)

faire (v. trans.) (didactique)

purger  (V+comp)

faire (v. trans.) (théâtre)

jouer  (théâtre), jouer le rôle  (V+de+qqn)

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See also

fait (n.m.)

basé sur des faits, factuel

fait (adj.)

défait, vert

faîte (n.m.)

faîtière

Phrases

(fait) par inadvertance • [ du fait de ] • [ du fait que ] • [ en dehors du fait que ] • [ en fait de ] • aller au fait • aller droit au fait • au fait • au fait) • avoir fait son temps • bien fait • c'est bien fait • dans le fait • de ce fait • de fait • dire son fait • dire son fait à qqn • du fait de • en fait • en fait de • fait accompli • fait actuel • fait analogue • fait antérieur • fait au moule • fait au tour • fait comme un rat • fait d'armes • fait d'asssurer • fait d'assurer • fait d'être chrétien • fait d'être de gauche • fait d'être gaucher • fait d'être séparé • fait de • fait de devenir • fait de fourrer son nez partout • fait de fumer • fait de guerre • fait de guerre impliquant d'autres explosions et éclats • fait de guerre impliquant des armes biologiques • fait de guerre impliquant des armes chimiques et autres moyens non classiques • fait de guerre impliquant des armes nucléaires • fait de guerre impliquant des incendies, des conflagrations et des produits brûlants • fait de guerre impliquant l'explosion d'armes navales • fait de guerre impliquant la destruction d'aéronef • fait de guerre impliquant le tir d'armes à feu et autres moyens de type classique • fait de guerre survenu après la cessation des hostilités • fait de guerre, sans précision • fait de maltraiter des enfants • fait de pièces et de morceaux • fait de plaider non coupable pour maladie mentale • fait de restes • fait de se vautrer • fait de tendre • fait divers • fait exprès • fait juridique • fait main • fait maison • fait marquant • fait par inadvertance • fait pour • fait sous serment • fait sur commande • fait sur mesure • fait à • fait à la diable • fait à la hache • fait à la hâte • fait à la main • fait à la maison • fait à la va comme je te pousse • fait-tout • haut fait • homme fait • mettre au fait • par ce fait • par le fait • pas tout à fait • prendre fait et cause • prendre sur le fait • tout compte fait • tout fait • tout à fait • voie de fait • à prix fait • être au fait • être fait • être fait sur mesure • être le fait • être sûr de son fait

Noyau du faîte • [ abstraction faite de ] • [ défalcation faite de ] • [ exception faite de ] • abstraction faite de • annonce faite aux bergers • bien faite • chose dite/faite à tout hasard • chose faite en vitesse • copie faite au contact • expression toute faite • faite au moule • idée toute faite • interprétation mal faite • laine faite à la maison • opinion toute faite • pointe non faite • poutre de faîte • promenade (faite de planches) • sous-faîte • toute exécution faite sur la demande des autorités judiciaires ou publics [qu'ils soient permanents ou temporaires] telle que asphyxie par gaz • toute exécution faite sur la demande des autorités judiciaires ou publics [qu'ils soient permanents ou temporaires] telle que décollation, décapitation (par guillotine) • toute exécution faite sur la demande des autorités judiciaires ou publics [qu'ils soient permanents ou temporaires] telle que empoisonnement • toute exécution faite sur la demande des autorités judiciaires ou publics [qu'ils soient permanents ou temporaires] telle que fusillade • toute exécution faite sur la demande des autorités judiciaires ou publics [qu'ils soient permanents ou temporaires] telle que peine capitale • toute exécution faite sur la demande des autorités judiciaires ou publics [qu'ils soient permanents ou temporaires] telle que pendaison • toute exécution faite sur la demande des autorités judiciaires ou publics [qu'ils soient permanents ou temporaires] telle que électrocution • vaccination non faite • vaccination non faite en raison d'une contre-indication • vaccination non faite par décision du sujet pour des raisons autres et non précisées • vaccination non faite par décision du sujet pour raisons de conviction et de pression sociale • vaccination non faite pour d'autres raisons • vaccination non faite, sans précision

Angel fait équipe • Association de fait • Ben se fait des films • Burns fait son cinéma • C'est bien fait • C'est moi qui l'ai fait ! • C'est pas tout à fait la vie dont j'avais rêvé • Ca fait pleurer le bon dieu (1973) • Celui qui fait craquer Rachel • Celui qui fait des descentes dans les douches • Charlot fait du cinéma • Charlot fait la noce • Charlot fait une cure • Comment c'est fait • Comment le cancer m'a fait aimer la télé et les mots croisés • Dans l'eau qui fait des bulles • Dingo fait de la gymnastique • Dingo fait de la natation • Distinction fait-valeur • Donald fait du camping • Donald fait son beurre • Enseignement du fait religieux • Et avec Maggie ça fait trois • Fait du prince • Fait générateur de responsabilité • Fait juridique • Fait majoritaire • Fait social • Fait social total • Groupement de fait • Histoire d'un fait divers • Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil • Homer fait la grève de la faim • Homer fait son Smithers • Homer fait son cinéma • J'ai fait l'con • Je me suis fait tout petit • Jean-François Gallotte fait son cirque sur Zaléa TV • Jenifer fait son live • L'Histoire du cinéma français par ceux qui l'ont fait • L'agent fait le bonheur • L'appât (fait divers) • L'argent fait le bonheur (film, 1993) • L'habit ne fait pas Lemoine • L'union fait la force • L'union fait la force (homonymie) • L'union fait la force (jeu télévisé) • La Ford T fait des bonds • La Poupée qui fait boum • La Poupée qui fait non • La patrie se fait tous les jours • La poupée qui fait non (live) • La vie ne me fait pas peur • Le Fait d'habiter Bagnolet • Le Fait du prince • Le Temps qu'il fait • Le Temps qu'il fait (éditions) • Le mille-pattes fait des claquettes • Le temps ne fait rien à l'affaire • Le vent fait son tour • Les 100 personnalités qui ont fait l'Afrique en 2009 • Les Simpson l'ont déjà fait • Les journées qui ont fait la France • Lisa fait son festival • Liste de films ayant fait le plus d'entrées en première semaine en France • Liste de films ayant fait le plus d'entrées en un jour en France • Liste de films ayant fait le plus d'entrées en une semaine en France • Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi • Mais qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ? • Mais... qu'avez vous fait à Solange ? • Mam'zelle fait ses dents • Même le mal se fait bien • Nola Darling n'en fait qu'à sa tête • Nous n'avons fait que fuir • On fait comme on a dit • On fait l'amour • On s'fait la valise, Doc ? • On s'fait une bouffe • Papy fait de la contrebande • Papy fait de la résistance • Propagande par le fait • Qu'as-tu fait à la guerre, papa ? • Qu'est-ce qu'on s'fait chier ! • Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? • Qu'est-ce qui fait courir David ? • Qu'est-ce qui fait courir les crocodiles ? • Qu'est-ce qui fait marcher les sages? • Qu'est-ce qui fait pleurer les blondes ? • Quel effet cela fait-il d'être une chauve-souris ? • Qui fait peur à Zoé ? • Qui fait ça ? • Responsabilité des commettants du fait de leurs préposés • Responsabilité des parents du fait de leur enfant • Responsabilité du fait d'autrui • Responsabilité du fait des animaux • Responsabilité du fait des bâtiments • Responsabilité du fait des choses • Responsabilité du fait des produits défectueux • Responsabilité du fait personnel en France • Sans Atout, le cadavre fait le mort • Si le vent te fait peur • Société de fait • Théorie des fonctionnaires de fait • Tout compte fait • Un éléphant fait l'amour à un cochon • Une hirondelle a fait le printemps • Une mère comme on n'en fait plus • Voie de fait • Voie de fait en droit administratif français • Ça fait pas partie de la job • Ça fait rire les oiseaux • Ça me fait rêver • Ça me fait rêver (album) • Ça vous fait rire ?

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Analogical dictionary

fait (adj.)


fait (adj.) [J + pour + comp • J + pour + Ginf]

certain[Similaire]


fait (adj.) [J + à + comp]





fait (adj.)


fait (adj.) [familier]


fait (adj.)

maturité - maturité - ripely (en)[Dérivé]

vert[Ant.]


fait (adj.)

défait[Ant.]


fait (n. m.)


fait (n. m.)

fait et circonstance matériel[ClasseHyper.]

Histoire[termes liés]


fait (n. m.)


fait (n. m.)

information[Hyper.]


fait (n. m.)

réalité[Hyper.]


fait (n. m.)


fait (n. m.) [dans certaines expressions]


faîte (n. m.)

ligne[Hyper.]

cap, crest (en)[Dérivé]



faîte (n. m.)


faîte (n. m.)


faire (n. m.) [art]


faire (v.) [V+attribut]


faire (v. intr.) [ellipse , familier] [V]

faire ses besoins[ClasseHyper.]

V[Syntagme]


faire (v. intr.) [familier] [V+propriété du sujet • V+comme+comp]


faire (v. intr.) [V+comp • V+qté]


faire (v. intr.) [V+qté]


faire (v. intr.)

accomplir une action[ClasseHyper.]

acte, action[GenV+comp]


faire (v. pron.) [viticulture] [se+V]


faire (v. pron.) [s'en V • s'en V pour+comp]

s'inquiéter[Classe]


faire (v. pron.) [argotique] [se+V+qqn (O)]




faire (v. tr.) [ellipse] [V+comp]


faire (v. tr.) [ellipse] [V+comp--à+qqn]

V+à+qqn[Syntagme]



faire (v. tr.) [V+comp]


faire (v. tr.) [V+Ginf]





faire (v. tr.)


faire (v. tr.) [didactique]

passer[Hyper.]


faire (v. tr.)



faire (v. tr.)


faire (v. tr.)

marquer, scorer[Hyper.]

faire[Domaine]


faire (v. tr.)

amount (en)[Hyper.]

faire[Domaine]


faire (v. tr.)


faire (v. tr.)




faire (v. tr.)


faire (v. tr.)

correspondre[Hyper.]


faire (v. tr.)

mesurer[Hyper.]

position[Dérivé]


faire (v. tr.)

développer[Hyper.]


faire (v. tr.)






faire (v. tr.)





faire (v. tr.)

make (en)[Domaine]


faire (v. tr. intr.) [V+que +Gsubj]


faire (v. tr. pron.) [se+V+qqn (O)]


faire (verbe)


faire (verbe)



faire (verbe)


faire (verbe)

créer, faire[Hyper.]

défaire[Ant.]



faire (verbe)


faire (verbe)


faire (verbe)




faire (verbe)



faire (verbe)


faire (verbe)

agir[Hyper.]




faire (verbe)

visiter[Classe]


faire (verbe)

virer[Hyper.]


faire (verbe)


Le Littré (1880)

FAIT, AITE (part. passé de faire)[fè, fè-t']

1. Formé, exécuté. L'homme fait à l'image de Dieu. Un tertre fait de main d'homme. Ce tailleur vend des habits tout faits.

Familièrement. Ce n'est ni fait ni à faire, se dit d'un travail mal fait, et, particulièrement, d'un travail littéraire, d'une rédaction, etc.

Fig.

Suivez le roi, seigneur, votre ambassade est faite (CORN. Nicom. III, 2)

Je pourrais décider, car ce droit m'appartient ; Mais rapportons-nous-en. - Soit fait, dit le reptile (LA FONT. Fabl. X, 2)

C'est une nouvelle, une histoire, un conte fait à plaisir, la nouvelle, l'histoire est controuvée, le conte n'a rien de vrai.

C'est un grand pas de fait, on a beaucoup avancé ce dont il s'agit.

C'est judicieusement fait à lui, il a agi judicieusement.

C'est fort bien fait à vous (MOL. le Fest. I, 2)

Tout est fait, rien autre n'est nécessaire.

Dans toutes les assemblées qui s'étaient tenues jusqu'alors dans le parti, dès que Luther y était et qu'il avait parlé, Mélanchthon nous apprend lui-même que les autres n'avaient qu'à se taire, et tout était fait (BOSSUET Var. IV, § 33)

On croit que tout est fait quand on a rempli ce devoir (MASS. Carême, Culte.)

Voilà qui est fait, la chose est décidée.

Voilà qui est fait, votre frère va nous quitter (SÉV. 63)

Oh ! voilà qui est fait ; je renonce à toutes les femmes et à tous les trésors du monde (MARIVAUX Surpr. de l'amour, I, 2)

Voilà qui est fait, je n'aimerai plus d'impératrice de ma vie (VOLT. Lett. à Catherine, 138)

Cela vaut fait, c'est comme si la chose était faite.

Il suffit que le mort soit venu m'en instruire ; Cela vaut fait.... (HAUTEROCHE le Deuil, sc. 5)

On dit de même. Tenez cela pour fait.

Aussitôt dit, aussitôt fait, se dit pour exprimer que l'action suit aussitôt la parole.

Familièrement. C'est fait pour moi, cela semble fait pour moi, n'est fait que pour moi, cela n'arrive qu'à moi, en parlant de désagréments, de malheurs.

On dit de même : C'est un fait exprès, c'est comme un fait exprès.

Se pourrait-il.... elle aussi.... c'est donc un fait exprès (PICARD Trois quartiers, II, 13)

C'est une affaire faite, exprime que la chose est terminée, et aussi qu'il n'y a plus à revenir là-dessus.

Est-ce fait ? se dit communément pour demander si une chose est achevée.

C'est fait, se dit pour avertir que la chose est achevée.

Est-ce fait ? se dit dans les jeux des enfants pour demander si celui qui doit chercher peut commencer ; en cas d'affirmation, on répond : fait.

2. Bien fait, mal fait, ayant le corps bien ou mal proportionné.

Si pour toucher son coeur j'étais assez bien faite (CORN. Agésil. II, 7)

Il est noble chez lui, bien fait de sa personne (MOL. Tart. II, 3)

Bien fait de corps (LA FONT. Mandr.)

Cela serait plaisant que votre fille ne fût pas bien faite (SÉV. 19)

Fait à peindre, dont le corps est tellement bien fait qu'il mériterait de servir de modèle à un peintre.

C'était une grande fille faite à peindre, qui se mettait bien, qui marchait comme une déesse (HAMILT. Gramm. ch. 9)

On dit dans le même sens : fait à plaisir, fait à ravir, fait au tour ou au moule.

Avoir la taille bien faite, mal faite, avoir une belle taille, une vilaine taille. Avoir la jambe bien faite, mal faite, bien, mal conformée.

Ironiquement. Cela lui rend la jambe bien faite, se dit de quelque chose dont on tire avantage, mais qui ne peut être d'aucune utilité.

3. Constitué, disposé.

Je ne sais pas comme sont faites vos beautés d'Asie, mais je vous assure que cinq ou six des plus belles personnes de l'Europe sont devenues amoureuses de vous (VOIT. Lett. 121)

Des Parthes le mieux fait d'esprit et de courage (CORN. Suréna, I, 1)

Le sort avait raison, tous gens sont ainsi faits ; Notre condition jamais ne nous contente (LA FONT. Fabl. VI, 11)

Dire d'un, puis d'un autre, est-ce ainsi que l'on traite Les gens faits comme moi ? me prend-on pour un sot ? (LA FONT. ib. IV, 16)

On est faite d'un air, je pense, à pouvoir dire Qu'on n'a pas pour un coeur soumis à son empire (MOL. Femmes sav. II, 3)

Il ajoute qu'il est fait ainsi et qu'il dit ce qu'il pense (LA BRUY. V)

Voyez, mon cher Télémaque, comme les hommes sont faits ! vous voilà tout désolé parce que vous avez vu votre père sans le reconnaître (FÉN. Tél. XXIV)

Les hommes sont faits de façon qu'ils veulent bien commettre le mal, mais ils ne veulent pas qu'on le leur prêche (VOLT. Dict. phil. Fraude.)

Les ennuyeux et les pervers Composent ce vaste univers ; Le monde est fait comme la France (VOLT. Épît. 92)

Messieurs les Parisiens s'imaginent toujours que le reste de la terre est fait comme le faubourg Saint-Germain et le quartier du Palais-Royal (VOLT. Lett. Thibouville, 11 janv. 1776)

Mon cher et respectable ami, comment donc sont faits les grands hommes, si celui-là [le roi de Prusse] n'en est pas un ? (VOLT. Lett. d'Argental, 1 sep. 1750)

Il faut avouer que, s'il y a eu de la raison dans sa conduite, cette raison n'était pas faite comme celle des autres hommes (VOLT. Russie, II, 1)

Esprit bien fait, mal fait, personne dont la raison est, n'est pas saine et droite.

C'est aux rois, c'est aux grands, c'est aux esprits bien faits.... (CORN. Hor. v, 3)

Les choses les plus simples ne se font pas d'elles-mêmes, et elles se font toujours mal par les esprits mal faits (FÉN. Éduc. des filles, 13)

Je sais que tous les lieux sont égaux pour les esprits bien faits, mais il n'en est pas de même quand les esprits bien faits ont des coeurs sensibles (VOLT. Lett. Chauvelin, 25 août 1763)

On dit dans un sens analogue, avoir le coeur bien fait.

Consultez-vous, et soyez mes témoins, Ô mes lecteurs ! ou consultez du moins Ces coeurs bien faits, où la vertu sincère Ne fut jamais une plante étrangère (MALFIL. Narcisse, ch. I)

Avoir la tête mal faite, être bizarre, déraisonnable.

4. Constitué en une certaine dignité.

Les princes à faire ne peuvent se passer de ces gens-là [les bons conseillers], et les princes faits en ont grand besoin (BALZ. De la cour, 1er disc.)

5. Habitué.

Mais votre bras au crime est plus fait que le mien (CORN. Rodog. V, 4)

Car les femmes y sont faites à coqueter (MOL. Éc. des f. I, 6)

Il y a soixante ans que j'y suis accoutumé [à la calomnie], mais je n'y suis pas encore entièrement fait (VOLT. Lett. à d'Alembert, 108)

6. Être fait pour, être propre à, capable de. Cet homme n'est pas fait pour un pareil emploi.

Une duchesse de Berry était faite pour lui céder ses dames [à la duchesse de Bourgogne], quand il lui plairait de les vouloir prendre (SAINT-SIMON 269, 136)

Cette manière d'écrire n'est pas faite pour aller à la postérité (VOLT. Phil. III, 107)

Un homme que la perte trouble.... un homme avare ne sont pas plus faits pour jouer, que ceux qui ne peuvent atteindre à l'esprit de combinaison (VAUVENARGUES Du jeu.)

7. Destiné.

Qui de l'âne ou du maître est fait pour se lasser (LA FONT. Fab. III, 1)

Ses maximes [du duc de Bourgogne] étaient que les rois sont faits pour les sujets, et non les sujets pour les rois (DUCLOS Règne de Louis XIV, Oeuvres, t. V, p. 51, dans POUGENS.)

Non, non le consulat n'est point fait pour son âge (VOLT. Brutus, II, 4)

De ce bonheur qui semblait fait pour tous, Le beau Narcisse, Écho, sa belle amante, Sont privés seuls par un pouvoir jaloux (MALFIL. Narcisse, ch. II)

N'être fait que pour, être destiné seulement à.

Ce que je vous dis là au reste n'est fait que pour vous, mademoiselle ; vous le sentez bien (MARIV. Marianne, IIe part.)

8. Habillé, arrangé.

Suis-je fait en voleur ou bien en assassin ? (CORN. Suite du Ment. 1, 1)

Je suis dehors, faite comme un loup-garou (SÉV. 231)

La véritable reine reprenait un teint frais et vermeil ; mais elle était crasseuse, court-vêtue et faite comme un petit torchon qu'on a traîné dans les cendres (FÉN. t. XIX, p. 5)

Comme le voilà fait ! se dit de quelqu'un plus mal vêtu, plus mal arrangé que d'ordinaire, et aussi de quelqu'un qui n'a pas aussi bon visage que d'habitude.

Dieu, comme êtes-vous fait ! (RÉGNIER Sat. XI)

Comme le voilà fait ! Débraillé, mal peigné, l'oeil hagard.... (REGNARD Joueur, I, 7)

On dit de même : être fait comme un voleur.

Être fait comme il plaît à Dieu, se dit d'une personne dont les vêtements sont en désordre.

9. Accompli.

On n'a jamais pris le deuil des enfants de la reine quand ils n'avaient pas sept ans faits (SAINT-SIMON 299, 73)

Homme fait, homme arrivé à la force de l'âge.

Il [le peuple] ne se perd que lorsque les hommes faits sont déjà corrompus (MONTESQ. Esp. IV, 5)

En vérité, je suis presque amoureux Non d'une jeune enfant, mais d'une femme faite (COLLIN D'HARL. Vieux célib. IV, 2)

C'est déjà un homme fait, en parlant d'un jeune garçon qui grandit, qui devient sage, capable.

Je me croyais déjà un homme fait (FÉN. Tél. III)

Terme de manége. Cheval fait, qui n'est plus jeune et qui est dressé.

Il se dit aussi des choses qui ont atteint leur plus haut point.

Votre style est devenu comme on peut le souhaiter ; il est fait et parfait (SÉV. 145)

Quelques gens de lettres dont la réputation soit faite et dont le témoignage ait du poids (GENLIS Veillées du château t. III, p. 105, dans POUGENS)

10. Qui est à point pour être mangé. De la viande faite. Le fromage est fait.

11. Terme de marine. Vent fait, vent qui a déjà soufflé quelque temps dans un certain rumb et qu'on croit devoir durer.

On dit de même : temps fait. Le flot, le jusant sont faits, lorsque le courant en a atteint sa vitesse moyenne.

12. Phrase faite, phrase consacrée dans sa construction et dans laquelle on ne peut rien changer. Les idiotismes sont des phrases faites.

Il y a un certain nombre de phrases toutes faites que l'on prend comme dans un magasin et dont l'on se sert pour se féliciter les uns les autres sur les événements (LA BRUY. VIII)

Mot fait, mot autorisé par l'usage. Ce mot est fait, n'est pas fait.

13. À prix fait, à prix convenu.

Les impudicités les plus monstrueuses avaient leur prix fait (VOLT. Moeurs, 127)

14. Toutes charges faites, toutes charges payées.

La Silésie, laquelle vaut par an à son vainqueur quatre millions sept cent mille écus d'Allemagne, toutes charges faites (VOLT. Lett. Thiriot, 9 oct. 1742)

15. C'en est fait, la chose est accomplie.

Mais puisque c'en est fait, le mal est sans remède (CORN. Cid, II, 1)

C'en est fait : on dira que Phèdre trop coupable De son époux trahi fuit l'aspect redoutable (RAC. Phèd. III, 3)

C'en est fait, se dit aussi pour indiquer une résolution irrévocablement prise. C'en est fait, je m'expatrie.

16. C'est fait de moi, je suis perdu.

C'est fait de votre vie et je vous le promets (CORN. Nicom. v, 7)

S'il m'échappait un mot, c'est fait de votre vie (RAC. Bajaz. II, 1)

Mentor m'abandonne, c'est fait de moi (FÉN. Tél. VII)

On trouve aussi : C'en est fait de.

Nous sommes tous perdus, c'en est fait d'Israël (RAC. Esth. I, 3)

C'en était fait de lui et de son armée, si sa bonne fortune ne lui eût envoyé Varron (ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. I, p. 433, dans POUGENS)

La locution c'en est fait de.... n'est pas grammaticalement explicable ; on oublie le rapport exprimé par en, et on l'exprime de nouveau par de ; il y a pléonasme vicieux ; et, bien que Racine et Rollin s'en soient servis, il ne faut pas les imiter.

17. Terme de beaux-arts. Le bien fait, le mal fait, l'exécution bonne ou mauvaise d'un tableau, d'un dessin, particulièrement en ce qui concerne les détails et leur arrangement.

PROVERBES

Ce qui est fait est fait, quand une chose est accomplie, il faut en prendre son parti.

Ce qui est fait n'est pas à faire, quand on peut faire une chose, il ne faut pas la différer à un autre temps ; et aussi, il ne faut pas revenir sur ce qui est fait. Vous critiquez, vous dites qu'il fallait s'y prendre autrement, mais ce qui est fait n'est pas à faire.

FAIT (s. m.)[fè ; le t se lie ; un fè-t accompli ; au pluriel, l's se lie : les fè-z accomplis]

1. Chose faite, acte, action. Chacun répond de son fait.

Saisir un fait par un mot, et le caractère et les moeurs d'une nation par un fait (STAËL Corinne, XI, 4)

Pour fait d'outrage aux enfants d'Henri Quatre, De par le roi payez dix mille francs (BÉRANG. Dix mille francs.)

Venir au fait, passer à l'acte.

.... Notre galant n'étale Un long narré ; mais vient d'abord au fait (LA FONT. Magn.)

Au fait et au prendre, au moment d'agir, de parler, etc.

Prendre quelqu'un sur le fait, le surprendre dans l'acte même qu'il commet.

Fig.

Ah ! disait-il, j'ai pris la nature sur le fait, mais il se trompait sur les apparences, ce qui n'arrive que trop, soit qu'on se serve ou non des microscopes (VOLT. Microm. 5)

Convenir de ses faits, s'entendre d'avance sur ce qu'on fera.

Cette dame et celui-ci convinrent de leurs faits par l'entremise de la duègne (LESAGE Guzm. d'Alf. ch. 3)

Cela est du fait d'un tel, c'est un tel qui en est l'auteur.

S'il y a de la contradiction, elle est du fait de la nature, et non pas du mien (J. J. ROUSS. Conf. XII)

2. Au plur.

Belles actions, exploits Elle [mon amitié] est comme tes faits, sans borne et sans mesure (ROTR. Bélis. II, 6)

Quelqu'autre te dira d'une plus forte voix Les faits de tes aïeux et les vertus des rois (LA FONT. Fabl. Dédicace.)

Les faits de guerre ne sont pas trop amusants, et je dis hardiment qu'il n'y a rien de si ennuyeux qu'un récit de batailles inutiles, qui n'ont servi qu'à répandre vainement le sang humain (VOLT. Lett. Mme du Deffant, 22 févr. 1769)

On le joint souvent en ce sens avec une épithète.

Traçant l'histoire De tes faits laborieux (MALH. II, 2)

L'éclat de mes hauts faits fut mon seul partisan (CORN. Cid, I, 3)

Si par d'illustres faits on peut les mériter (RAC. Théb. V, 3)

.... Poursuis, Néron, avec de tels ministres Par des faits glorieux tu vas te signaler (RAC. Brit. v, 6)

Faits et gestes d'une personne, se dit, par plaisanterie, de sa conduite.

3. Fait de guerre, acte qui a le caractère de guerre entre nations.

Il se dit aussi pour combat : C'est un brillant fait de guerre.

Voie de fait, acte par lequel on s'empare violemment d'une chose ; acte de rigueur.

Il traita durement le peuple par voie de fait (BOSSUET Hist. III, 7)

Par extension, coups portés, blessure faite par la violence ; en ce sens il se dit surtout au pluriel.

4. Terme de palais. Prendre le fait de quelqu'un, prendre fait et cause pour quelqu'un, intervenir en cause pour lui.

Dans le langage commun, se déclarer pour quelqu'un, prendre son parti.

Vous lui faites trop d'honneur de prendre son fait et cause (SÉV. 514)

5. Toute chose qui arrive, qui a lieu. Ces faits ne laissent aucun doute sur sa culpabilité. Un fait avéré et public. Dénaturer les faits.

Comme mon intention est de vous faire observer dans cette suite des temps celle de la religion et celle des grands empires ; après avoir fait aller ensemble, selon le cours des années, les faits qui regardent ces deux choses.... (BOSSUET Hist. Dessein général.)

Après cela, quelque partie de l'histoire ancienne que vous lisiez, tout vous tournera à profit ; il ne passera aucun fait dont vous n'aperceviez les conséquences (BOSSUET ib.)

On ferait des volumes immenses de tous les faits célèbres et reçus dont il faut douter (VOLT. Dict. phil. Histoire.)

Je hais les petits faits, assez d'autres en ont chargé leurs énormes compilations (VOLT. Lett. Hénault, 8 janv. 1752)

Faits accomplis, questions jugées par l'événement, et qui sont, ou peuvent, ou doivent être tenues pour terminées, des faits sur lesquels il n'y a plus à revenir. Doctrine des faits accomplis, règle en politique, par laquelle on accepte ce qui est fait et accompli.

C'est un étrange fait, c'est une chose étrange.

C'est un étrange fait, qu'avec tant de lumières, Vous vous effarouchiez toujours sur ces matières (MOL. Éc. des f. IV, 8)

6. L'événement, le cas, l'espèce dont il s'agit dans une contestation, dans une discussion, dans une plaidoirie. Il parla pendant une heure sans dire un mot du fait.

Et je sais même sur ce fait [garder un secret] Bon nombre d'hommes qui sont femmes (LA FONT. Fabl. VIII, 6)

Si vous, maître et fermier, à qui touche le fait, Dormez sans avoir soin que la porte soit close, Voulez-vous que moi, chien.... (LA FONT. ib. XI, 3)

Pourquoi dire qu'il y a plus de chrétiens que de musulmans sur la terre ? on sait que le fait est au moins très douteux (VOLT. Cons. à Louis Rac.)

Aller au fait, venir au fait, s'occuper du point de la discussion. Venez au fait, et, elliptiquement, au fait.

M. Claude allait au fait et se présentait à la difficulté sans reculer (BOSSUET Conf. avec Claude, 2)

Cette question n'allait pas au fait (HAMILT. Gramm. 8)

Au fait, est ma devise (VOLT. Lett. d'Argenson, 28 juill. 1739)

Familièrement. Aller au fait, venir au fait, en venir à l'essentiel, au principal, à l'intéressant.

Cette pauvre B*** est devenue passionnée de l'insensible C*** ; il l'a vue s'enflammer ; d'abord il a été au fait, et lui a fait mettre en gage ses perles pour soutenir un peu la bassette (SÉV. 400)

Elliptiquement. Au fait, c'est-à-dire que voulez-vous de moi ?

En un autre sens, tout bien considéré.

Au fait, que risqué-je ? Au fait, pourquoi pensionner Ma muse indépendante et vraie ? (BÉRANG. Refus.)

Erreur de fait, se dit quand on s'appuie sur un fait qui n'est pas réel.

C'est un fait à part, c'est un autre fait, c'est autre chose, c'est une autre affaire.

Albert : Hé bien ! bonjour, te dis-je. - Mascarille : Oui, mais je viens encore Vous saluer au nom du seigneur Polidore. Albert : Ah ! c'est un autre fait ; ton maître t'a chargé De me saluer ? (MOL. Dép. amour. III, 2)

Le fait est que.... la vérité est que....

C'est un fait, cela est de fait, il est de fait que, c'est-à-dire il est constant, reconnu que. Il est de fait que Cicéron parla ainsi.

Comment croire que son épouse ne l'ait jamais aimé ? c'est un fait pourtant (GENLIS Mlle de la Fayette, p. 260, dans POUGENS)

On dit dans le même sens : C'est un point de fait.

C'est un point de fait, les hommes dégénèrent (FONTEN. Socrate, Montaigne.)

Mettre, poser en fait, avancer une proposition comme incontestable.

Je mets en fait qu'une honnête femme ne la [la comédie de l'École des femmes] saurait voir sans confusion (MOL. Critique, 3)

Je mets en fait que, si tous les hommes savaient ce qu'ils disent les uns des autres, il n'y aurait pas quatre amis dans le monde (PASC. Pensées, t. I, p. 283, édit. LAHURE.)

Je mets en fait qu'il n'y a aucun peuple chez lequel il soit juste, beau, convenable, honnête, de refuser la nourriture à son père et à sa mère quand on peut leur en donner (VOLT. Philos. ignor. quest. 32)

Familièrement. Pour la rareté du fait, à cause de la singularité de la chose.

On dit de même : pour la beauté du fait.

.... Je voudrais, m'en coûtât-il grand'chose, Pour la beauté du fait, avoir perdu ma cause (MOL. Mis. I, 1)

Être sûr de son fait, être sûr de ce qu'on avance ou du succès de ce qu'on entreprend.

Si le roi le peut voir [mon projet], je suis sûr de mon fait (MOL. Fâcheux, III, 2)

Descartes est si sûr de son fait quand il se trompe grossièrement en physique, que je dois me défier de ce qu'il me dit sur l'âme (VOLT. Phil. ignor. 5)

Être sûr de son fait signifie aussi obtenir une certitude. Il surprend sa femme, et le voilà sûr de son fait.

Entendre bien son fait, être habile dans sa profession.

Être au fait, être instruit d'une chose, habitué à un travail. Ce domestique est au fait du service.

D'abord il a été au fait (SÉV. 400)

Qui les aurait vues sans être au fait des intrigues de la cour, aurait cru qu'elles étaient les meilleures amies du monde (Mme DE CAYLUS Souvenirs, p. 119, dans POUGENS)

Le garde, ravi de trouver un brave de sa province, qui ne paraissait pas au fait des usages de la cour (VOLT. l'Ingénu, 9)

Lorsqu'on est au fait, comme j'y suis, du commerce des fers, on dirait qu'en France on a fait un pacte général de ne se servir que de ce qu'il y a de plus mauvais en ce genre (BUFF. Min. t. VII, p. 87)

La Bruyère a dit, au même sens, être dans le fait :

Leur avez-vous lu un seul endroit de l'ouvrage ; c'est assez, ils sont dans le fait et entendent l'ouvrage (LA BRUY. I)

Mettre au fait, instruire de quelque chose, habituer à, former à.

Je voudrais mettre au fait celui qui me suivra, Lui laisser mes projets (GRESSET le Méch. I, 2)

Se mettre au fait, s'instruire de quelque chose, s'y faire, s'y former. Mettez-vous au fait de ma situation.

Mon âme s'instruisait de tout ce qui pouvait l'affliger, elle se mettait au fait de ses malheurs (MARIVAUX Marianne, 3e part.)

7. Terme de jurisprudence. Il se dit par opposition à droit. La possession de fait ; la possession de droit. Moyens de fait ; moyens de droit. Dans toutes les affaires on distingue le fait et le droit ; le fait consiste dans ce qui est arrivé, et le droit dépend de l'application de la loi au fait dont il est question, lorsque ce fait est certain.

Pépin fut proclamé roi et sacré par Boniface, archevêque de Mayence ; jamais révolution ne s'opéra avec moins d'effort et de bruit : Pépin possédait le pouvoir ; le fait fut converti en droit (GUIZOT Hist. de la civil. 19e leçon.)

Question de fait, point de fait, se dit par opposition à question de droit, point de droit.

On examine deux questions, l'une de fait, l'autre de droit (PASC. Prov. 1)

Gouvernement de fait, gouvernement régissant un pays, sans tenir son mandat du droit qui fait les souverains.

Terme de procédure. Faits et articles, les faits sur lesquels, en matière civile, l'une des parties fait interroger sa partie adverse. On l'a interrogé sur faits et articles.

Faits admissibles et pertinents, ceux qui, appartenant à la cause, peuvent être admis à la preuve. Faits justificatifs, ceux qu'un accusé allègue pour sa défense. Faits nouveaux, ceux qui n'ont pas encore été allégués au procès.

8. Toute chose dont on a reconnu, constaté la réalité. Les sciences reposent sur l'observation des faits.

Il voyait les faits d'autant plus sûrement qu'il ne les voyait point au travers d'un système déjà formé, qui eût pu les changer à ses yeux (FONTEN. Mery.)

Les faits sont dans les sciences ce qu'est l'expérience dans la vie civile (BUFF. Ois. t. XII, p. 109, dans POUGENS)

Ces phénomènes, dont l'explication a toujours paru difficile, sont de nouvelles preuves de notre théorie et montrent la liaison avec les grands faits de l'histoire du globe (BUFF. Minér. t. IX, p. 103, dans POUGENS)

Tout ce qui a l'air de faits a droit d'en imposer ; il ne suffit point de s'inscrire en faux contre de telles choses ; il faut prouver qu'elles sont fausses (BONNET Consid. corps organ. Oeuvres, t. VI, p. 500, dans POUGENS.)

Les faits et les objets nous instruisent beaucoup mieux que les livres (GENLIS Veillées du chât. t. I, p. 149, dans POUGENS)

Dans le langage strictement scientifique. Fait, tout attribut ou propriété d'un corps brut ou organisé, reconnu par l'observation immédiate.

9. Ce qui concerne quelqu'un, ce qui lui est spécial.

Mais puisque tout le monde est aveugle en son fait (RÉGNIER Sat. XV)

Tout son fait, croyez-moi, n'est rien qu'hypocrisie (MOL. Tart. I, 1)

Je crains fort pour mon fait quelque chose approchant (MOL. Amph. II, 3)

Chez la devineuse on courait Pour se faire annoncer ce que l'on désirait : Son fait consistait en adresse, Quelques termes de l'art, beaucoup de hardiesse (LA FONT. Fabl. VII, 15)

L'armée étant une fois établie, elle ne doit pas dépendre immédiatement du corps législatif, mais de la puissance exécutrice ; et cela par la nature de la chose, son fait consistant plus en action qu'en délibération (MONTESQ. Espr. II, 6)

10. Conduite.

La cave et le grenier, Du fait des soeurs maintes choses apprirent (LA FONT. Mazet.)

En raisonnant sur le fait des nonnains (LA FONT. ib.)

Il y a un peu de folie, de malice dans son fait, c'est-à-dire sa conduite témoigne de quelque folie, de quelque malice.

Il y avait plus d'ambition que de religion dans son fait (BOSSUET Var. 10)

11. Ce qui est convenable à quelqu'un. Cet emploi serait bien son fait.

Critiquer gens m'est fort nouveau, Ce n'est mon fait (LA FONT. Court.)

J'ai ton fait (MOL. l'Ét. v, 16)

Le mariage n'est guère votre fait (MOL. Mar. f. 2)

Et ce n'est pas mon fait que les choses d'esprit (MOL. Femm. sav. III, 2)

Ce n'est point là, mon frère, le fait de votre fille, et il se présente un parti plus sortable pour elle (MOL. Mal. imag. III, 3)

On dit qu'il n'y a rien de plus beau, voilà votre fait (SÉV. 83)

Une femme si connue du roi [la maréchale de Rochefort] et si fort à toutes mains, était son vrai fait pour mettre auprès de Mme la duchesse de Chartres (SAINT-SIMON 3, 53)

J'ai peur qu'il ne soit difficile à remplacer [Thiriot] ; il était tout votre fait (VOLT. Lett. Roi de Prusse, 214)

Ce prétendu ami du genre humain, n'est mon fait que quand il dit : Aimer l'agriculture (VOLT. Lett. Cideville, 25 nov. 1758)

À tes voeux ma raison s'oppose, Un long roman n'est plus mon fait (BÉRANG. Romans.)

12. La part qui revient à quelqu'un. Donner à quelqu'un son fait. On a partagé la succession, chacun a eu son fait.

Par extension.

Chacun son fait, nul n'a tout en partage (LA FONT. Mul.)

Fig. Donner à quelqu'un son fait, se venger de lui, le battre dans une discussion, dans une lutte, dans un combat.

Avoir son fait, recevoir quelque mécompte, quelque revers, quelque châtiment.

Ton homme a son fait (MOL. Éc. des mar. II, 5)

Pour le pauvre frère Girard, Il avait eu son fait à part (LA FONT. Cord.)

À force de s'exposer il aura son fait (SÉV. 44)

En un autre sens, avoir son fait, recevoir un mauvais compliment.

Chacun a son fait, sans qu'il ait eu l'intention de le lui donner (LA BRUY. V)

Je lui ai bien dit son fait, je lui ai dit ce que je pensais de lui.

Il me donna un soufflet, mais je lui dis bien son fait (MOL. Pourc. I, 6)

Grâce à mes créneaux, à mes arsenaux, Je puis au préfet Dire un peu son fait (BÉRANG. Carabas.)

13. Le bien, la fortune de quelqu'un.

Son fait, dit-on, consiste en des pierres de prix : Un grand coffre en est plein (LA FONT. Fabl. X, 10)

Le malheureux n'osant presque répondre, Court au magot, et dit : c'est tout mon fait (LA FONT. Paysan.)

Bienheureux celui qui a tout son fait bien placé (MOL. l'Av. I, 4)

Les beaux habits, monsieur, mangent mon petit fait (TH. CORN. l'Amour à la mode, I, 5)

Un vagabond, qui mange tout son fait (DANCOURT Moul. Javelle, sc. 17)

14. Dans le fait, loc. adv. Réellement, effectivement. Malgré les apparences, c'est, dans le fait, un homme dangereux.

15. Par le fait, même sens. Il se trouva, par le fait, maître de tout le pays.

16. De fait, loc. adv. En réalité, véritablement.

Un homme qui fût homme et de fait et de mine (RÉGNIER Sat. XIV)

De fait, en effet, certainement.

De fait, la défiance où madame se treuve Ne peut venir d'ailleurs que d'un manque d'épreuve (MAIRET Sophon. III, 2)

Et de fait, même sens.

Et de fait, l'Espagne était policée et commerçante, tandis que la Germanie était encore inculte (BUFF. Min. t. v, p. 303, dans POUGENS)

17. En fait de, loc. prép. En ce qui concerne. Maître en fait d'armes. Expert en fait de procès.

L'autre était passé maître en fait de tromperies (LA FONT. Fabl. III, 5)

Il se surpasse en fait de chansons (SÉV. 417)

Tout ce qui est nécessaire et honnête en fait de politique (HAMILT. Gramm. 6)

En fait de procédés, on est bien près du mépris, quand on a droit à l'indulgence (DUCLOS Consid. moeurs, ch. 4)

Princes, en fait de religion, obéissant plus aux peuples que les peuples ne leur obéissent (VOLT. Moeurs, 180)

En fait de vin, qu'on se montre savant (BÉRANG. Mort viv.)

18. Populairement. Si fait, loc. adv. Au contraire, quand on veut affirmer ce qu'un autre nie.

Je n'y entends rien ; si fait pourtant, j'y entends quelque chose (J. J. ROUSS. Hél. IV, 2)

Si fait, non fait, termes durs et mal polis (DE CAILLIÈRES 1690)

18. Si fait se dit encore ; non fait ne se dit plus.

19. Tout à fait, loc. adv. Entièrement.

Je suis chrétien, Néarque, et le suis tout à fait (CORN. Poly. II, 6)

Théglath-Phalasar, premier roi d'Assyrie ou de Ninive, qui réduisit à l'extrémité le royaume d'Israël, et détruisit tout à fait celui de Syrie (BOSSUET Hist. I, 7)

La bonne volonté est réputée pour le fait.

HISTORIQUE

XIIe s.Al roi Marsille [il] a touz les faix contez (Ronc. p. 69)Seignor, dit l'apostoles [le pape], moult est honteus ces fais [ce fait] (Sax. XV)Al jour del jugement, quant Dex tiendra ses plais, Auront li pecheor grant gaaing de lor fais [bonnes actions] (ib.)

XIIIe s.Bien voient qu'il auront de leur fait la deserte [récompense] (Berte, XCIV)Quiconques vous tiegne pour sage, je vous tieng pour fol, et bien sai que jou meïsmes serai blasmés pour vostre fait (H. DE VALENC III)Et li vaillans hons tant m'amoit, Qu'en tous ses fais me reclamoit (la Rose, 6206)Il renoncerent de fet à toutes les cozes temporex dehors lor eglises (BEAUMANOIR LVI, 1)Mais bien se gart li maris qui tele venjance veut pendre [prendre] de se [sa] feme, qu'il ne laisse passer le fet present (BEAUMANOIR XXX, 104)Le [la] quinte cause si est, se cil à qui le [la] dette est demandée, a esté sousaagiés, et on li demande du fet de ses devanciers (BEAUMANOIR VIII, 7)Et sachiés que ce fu un tres biau fait d'armes (JOINV. 226)Quant il laisse le prologue et vient au fait, et dit la propre chose sur quoi est l'achoisons et la matiere de tot son conte (BRUN. LATINI Trésor, p. 517)Toutes choses qui sont en nos [nous] par nature, sont premierement en pooir, et puis en fait (BRUN. LATINI ib. p. 266)

XIVe s.Tout le fait, tout le negoce de vertu moial et de politiques (ORESME Eth. 40)Or dittes vostre fait, j'en ai dit ma partie (Guesclin. 8645)

XVe s.E+ passerent outre à ce mardi au matin tous ceux de l'avant-garde, et à fait [à mesure] qu'ils venoient, ils se logeoient en la ville (FROISS. II, II, 184)Il estoit ordonné que ces gens d'armes devoient aller de fait [de force] en la maison de Jean de Lyon (FROISS. II, II, 54)De fait avisé [à dessein] (FROISS. I, I, 189)Là eut, je vous dis, de premier fait, de belles joustes et de grandes appertises d'armes (FROISS. II, II, 5)Brievement, on ne vit oncques tant de bonnes gens, chevaliers et escuyers qui là estoient, estre perdus à si peu de fait ; car chacun fuyoit qui mieux mieux (FROISS. I, I, 230)Et ne se voulut conjoindre en ces defiances [défis], et dit qu'il feroit son fait à part lui à temps et à point (FROISS. I, I, 79)Or convint là les Anglois souffrir et endurer grand peine, car leurs ennemis estoient quatre contre un et toutes gens de fait et de mer (FROISS. I, I, 122)Nous leur [aux Gantois] avons octroyé que.... nous les aiderions.... contre tous ceux qui par voie de fait les voudroient grever (FROISS. II, II, 241)Et de fait messire Seret de Poix fut rué jus par les gens au duc d'Orliens (FENIN 1414)Or ai-je esté pris sur le fait, Je ne le puis jamais nier (Patelin)Et espie et enquiert, dont il fait que foul ; car noble cuer de homme ne doit point enquerir du fait des femmes (Les 15 joyes du mariage, p. 65)Escripre et mettre par memoire ce que j'ay sceu et congneu des faicts du roy Louis (COMM. Prol.)Si le jeune prince s'est allé perdre, ne perdons pas sa maison ni le fait de son pere ni le nostre (COMM. I, 13)Le roy estoit trop puissant et avoit son fait bien acoustré (COMM. III, 2).... Bien montez et bien armez et qui jà longtemps avoient exercé le fait de la guerre (COMM. IV, 1)Et quant le roy nostre maistre eust entendu le fait de la mer aussi bien qu'il entendoit le fait de la terre, jamais le roy Edouard ne fust passé [en France] (COMM. IV, 5)

XVIe s.Je parle devant ceux qui estoient au fait, ausquels il en souvient, et qui peuvent cestuyci dedire s'il ment (M. DU BELLAY 225)La force de l'amitié se montre bien plus richement en son faict, qu'en celuy d'Aretheus (MONT. I, 217)Si je feusse nay d'une complexion plus desreglée, je crains qu'il feust allé piteusement de mon faict (MONT. II, 123)Seroit-il vray que pour estre bon à faict [entièrement], il nous le faille estre par naturelle proprieté ? (MONT. II, 124)Tout à faict (MONT. I, 251)C'est le fait d'un bon mesnager, de.... (LA BOÉTIE 112)Les jeunes hommes se trouverent estonnez, et restiverent un petit quand ce vint au faict et au prendre (AMYOT Pélop. 66)S'il estoit besoing que toute une trouppe de gens de cheval tournast ensemble à demy ou à faict (AMYOT Philop. 11)

ÉTYMOLOGIE

Provenç. fag, faig, fait ; catal. fet ; espagn. hecho ; portug. feito ; ital. fatto ; du latin factum, fait, neutre de factus, participe passif de facere.

FAÎTE (s. m.)[fê-t']

1. La partie la plus élevée d'un édifice.

Quand verrai-je, ô Sion ! relever tes remparts Et de tes tours les magnifiques faîtes ? (RAC. Esth. 1, 2)

Et du temple déjà l'aube blanchit le faîte (RAC. Athal. I, 1)

Synonyme de faîtage.

Apprends à monter sur un comble, à poser le faîte (J. J. ROUSS. Ém. III)

Sous-faîte, pièce de bois placée au-dessous du faîte, auquel elle est reliée par les entretoises.

2. Par extension, la partie la plus haute de quelque chose d'élevé. Le faîte d'une cheminée.

L'un des deux compagnons grimpe au faîte d'un arbre (LA FONT. Fabl. V, 20)

Ils [les manakins] ne se perchent point au faîte des arbres, mais sur les branches, à une moyenne hauteur (BUFF. Ois. t. VIII, p. 149, dans POUGENS)

3. Fig. Le plus haut point.

Déchoir du faîte de la gloire (VAUG. Q. C. III, 13)

Et monté sur le faîte il aspire à descendre (CORN. Cinna, II, 1)

Vous qui pouvez la mettre au faîte des grandeurs (CORN. Pomp. III, 3)

La rage alors se trouve à son faîte montée (LA FONT. Fabl. II, 9)

J'avais prévu ma chute en montant sur le faîte ; Je m'y suis trop complu ; mais qui n'a dans la tête Un petit grain d'ambition ? (LA FONT. Fabl. X, 10)

Qui les place sur le faîte de la prospérité (MASS. Carême, Aum.)

Quel espoir enchanteur M'élève en un moment au faîte du bonheur ? (VOLT. Brutus, III, 5)

4. Terme de géographie. Ligne de faîte, ligne constituée par les faîtes des montagnes ou coteaux d'une contrée. La ligne de faîte de la chaîne divise la contrée en deux régions bien distinctes.

5. Terme de commerce. Le côté opposé à la lisière dans les draps, les étoffes.

Permet S. M. à tous marchands et autres.... de faire auner toutes les pièces tant par la lisière que par le dos ou faîte, et d'en payer le prix sur le pied du moindre aunage (Arrêt du conseil, 3 oct. 1689)

HISTORIQUE

XIIe s.Dunc vunt les terres si gastant, Qu'il n'i laissent fest en estant, Qui fust del fieu [fief] le duc Reinier (BENOÎT v. 2639)

XVe s.Trois leveures d'un festre ae maison neufve couverte de tuille (DU CANGE festrum.)

XVIe s.Le faiste d'aulcuns bastimens paroist encores (MONT. I, 232)Au feste et sous les couvertures du logis est la chambre des serviteurs (O. DE SERRES 20)Gibet à fest, en signe de suzeraineté (Coust. génér. t. II, p. 65)Tous vendeurs de drap en detail les aulneront par le fest (ib. p. 75)

ÉTYMOLOGIE

Berry, faît ; norm. fêt ; génev. la frête ; Bâle, le frête. On le tire du latin fastigium ; mais, ce que nous connaissons jusqu'à présent du mot ne comporte pas cette étymologie, et admet seulement, à cause de l'antiquité du mot, quelque forme telle que fastum, ne tenant à fastigium que par le radical (fastigium a l'accent sur sti).

FAIRE [fê-r]

1. Donner l'être ou la forme. Dieu a fait l'homme à son image. Dieu a fait le monde en six jours.

Vos mains m'ont fait et m'ont formé ; donnez-moi l'intelligence, afin que j'apprenne vos commandements (SACI Bible, Psaume CXVIII, 73)

Ils pensent que pour eux le ciel fit l'Amérique (VOLT. Alz. IV, 3)

Sur un modèle égal ayant fait les humains (VOLT. Scythes, IV, 1)

Élevés ensemble, nés le même jour dans ce château, vous conviendrez qu'il semble que la destinée les ait faits l'un pour l'autre (GENLIS Théât. d'éduc. la Cloison, sc. 1)

Tous les jours que Dieu fait, c'est-à-dire chaque jour.

Par extension.

Tithon n'a plus les ans qui le firent cigale (MALH. VI, 18)

Fig.

Homère a fait Virgile, dit-on ; si cela est, c'est sans doute son plus bel ouvrage (VOLT. Ess. poés. épiq. III)

2. Engendrer. Faire un enfant, en parlant d'une femme, le mettre au monde. Et aussi en parlant de l'homme : Vous ferez un enfant, et vous voilà bien avancé !

Faire un enfant à une femme, la rendre enceinte.

Il [Frédéric] a fait plus de livres qu'aucun des princes contemporains n'a fait de bâtards, et il a remporté plus de victoires qu'il n'a fait de livres (VOLT. Lett. Prusse, 24 mars 1772)

Faire des petits, en parlant des femelles des animaux, mettre bas.

C'est une épagneule très petite, ajouta Zadig ; elle a fait depuis peu des chiens (VOLT. Zadig, 3)

Lorsque la marte est prête à mettre bas, elle grimpe au nid de l'écureuil, l'en chasse, en élargit l'ouverture, s'en empare et y fait ses petits (BUFF. Quadrup. t. II, p. 245, dans POUGENS)

Les feuilles du haricot à bouquets incarnats, plongées dans l'eau par leur pédicule, y ont fait des racines, mais seulement à l'extrémité inférieure de ce dernier (BONNET Usage des feuilles, 4e mém.)

Cet enfant fait ses dents, les dents lui viennent.

On dit d'un malade chez qui se produisent pathologiquement de l'albumine, du sucre, du tubercule : il fait de l'albumine, du sucre, du tubercule.

3. Façonner, fabriquer, construire, en parlant des oeuvres matérielles de l'art ou de l'industrie. Faire du pain, un habit, un tissu, une machine, une maison.

....Saluez ces pénates d'argile ; Jamais le ciel ne fut aux humains si facile Que quand Jupiter même était de simple bois ; Depuis qu'on l'a fait d'or, il est sourd à nos voix (LA FONT. Phil. et Bauc.)

Faire le vin, se dit de toutes les opérations qui forment la fabrication du vin.

Faire le dîner, le déjeuner, préparer le dîner, le déjeuner.

Faire à dîner, donner de quoi dîner. Faites-moi à dîner.

Ne faire oeuvre de ses doigts, et, plus souvent de ses dix doigts, ne faire rien du tout, ne point travailler.

Il se dit aussi des travaux des animaux. Les abeilles font le miel. L'oiseau fait son nid.

Fig. Faire des brioches, voy.

BRIOCHE

.

Les symphonistes de l'opéra, après Lulli, étaient si inhabiles et excitaient si bien les cris du parterre, qu'ils étaient taxés à six sols par faute qu'ils faisaient devant le public ; avec le total de ces amendes ils faisaient faire une immense brioche qu'ils mangeaient ensemble ; les condamnés à l'amende paraissaient à ce festin avec une petite brioche en carton à la boutonnière ; on les nomma croque-brioche, faiseurs de brioches ; et, par abréviation, brioche devint synonyme de faute, d'ânerie (CASTIL-BLAZE Hist. de l'acad. de musique, t. II, ch. 2, p. 68)

4. Se dit dans le même sens, en parlant des oeuvres de l'intelligence, de l'imagination Faire un projet, un plan. Faire un poëme, un conte, des vers.

Il y a un vieux évêque d'Évreux, qui a plus de quatre-vingts ans ; c'était autrefois l'évêque du Puy ; il a fait la vie de ma grand'mère (SÉV. 406)

Et toujours mécontent de ce qu'il vient de faire, Il plaît à tout le monde et ne saurait se plaire (BOILEAU Sat. II)

Faisant le même calcul sur le quatrième satellite de Jupiter, que nous avons supposé grand comme la terre, nous verrons qu'il aurait dû se consolider jusqu'au centre en 2905 ans (BUFF. Théorie de la terre, part. hypoth. Oeuvres, t. IX, p. 181, dans POUGENS.)

Terme de peinture. Peindre. Faire l'histoire. Faire les animaux. Ce peintre ne fait que le paysage. Faire sec et dur, peindre sèchement et durement.

Pigal, qu'on appelait à Rome le mulet de la sculpture, à force de faire, a su faire la nature, la faire vraie, chaude et vigoureuse (DIDER. Sal. de 1765, Oeuvres, t. XIII, p. 331)

5. Il s'emploie dans un sens beaucoup plus étendu, en parlant de tout ce qu'un sujet opère, effectue, exécute dans l'ordre physique ou dans l'ordre moral.

Ne fais point d'autre crime, et j'atteste les dieux Qu'au lieu de t'en haïr, je t'en aimerai mieux (CORN. Hor. II, 5)

Il veut publiquement Du prince Héraclius faire le châtiment (CORN. Héracl. IV, 6)

Tu feras après ta harangue (LA FONT. Fabl. I, 19)

Tu vois, Toinette, les desseins violents que l'on fait sur lui [sur mon coeur] (MOL. Mal. imag. I, 10)

Nous avions bu de je ne sais quel vin Qui m'a fait oublier tout ce que j'ai pu faire (MOL. Amph. II, 3)

Ne voulez-vous point, un de ces jours, venir voir avec elle le ballet et la comédie que l'on fait chez le roi ? (MOL. B. gent. III, 5)

Tu crains pour moi les maux que j'ai voulu me faire, Et tu ne trembles point de ceux que tu me fais (TH. CORN. Ariane, III, 4)

Lamech, sorti de Caïn, avait fait le second meurtre, et on peut croire qu'il s'en fit d'autres après ces damnables exemples (BOSSUET Hist. II, 1)

La mémoire de Joseph et des merveilles que Dieu avait faites par ce grand ministre des rois d'Égypte était encore récente (BOSSUET ib. II, 3)

J'ignore de quel crime on a pu me noircir, De tous ceux que j'ai faits je vais vous éclaircir (RAC. Brit. IV, 2)

Ce que j'ai fait, Abner, j'ai cru le devoir faire (RAC. Athal. II, 5)

On accumule ces richesses qui sont le fruit des péchés qu'on a déjà faits, et les moyens de ceux qu'on veut faire (FLÉCH. I, 140)

Vous semblez approuver mes feux ; Mais vous ne faites rien de tout ce qu'il faut faire Pour rendre mon amour heureux (CHAUL. à la marquise D. L.)

Elle leur fait [à ses fils] une destinée au gré de ses souhaits, sans consulter si les conseils éternels s'ajustent avec la témérité de ses espérances (MASS. Carême, Vocation.)

Sous ces fleurs trompeuses je trouvais à chaque pas le serpent qui faisait sur moi des morsures cruelles (MASS. Paraphr. Ps. XXII)

Je ne me souviens plus quel était l'honnête homme qui priait Dieu tous les matins que ses ennemis fissent des sottises (VOLT. Lett. d'Alembert, 25 mars 1765)

En général, les animaux peuvent apprendre à faire mille fois tout ce qu'ils ont fait une fois, à faire de suite ce qu'ils ne faisaient que par intervalles, à faire pendant longtemps ce qu'ils ne faisaient que pendant un instant, à faire volontiers ce qu'ils ne faisaient d'abord que par force, à faire par habitude ce qu'ils ont fait une fois par hasard, à faire d'eux-mêmes ce qu'ils voient faire aux autres (BUFFON Disc. nat. anim. Oeuvres, t. v, p. 360, dans POUGENS.)

Faire que sage, c'est-à-dire faire la chose que ferait une personne sage, voy.

QUE

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6. Faire quelque chose pour quelqu'un, lui accorder ou lui faire obtenir quelque chose. Il n'a rien voulu faire pour sa famille.

C'est là [à la cour] que l'on sait parfaitement ne faire rien ou faire très peu de chose pour ceux que l'on estime beaucoup (LA BRUY. VIII)

On dit de même : la nature a tout fait pour lui, c'est-à-dire il est doué de très heureuses dispositions.

7. Il se dit des choses qui sont agents de quelque chose. La mine fit explosion. La grêle a fait du dégât.

Ce qui fit vos grandeurs fera votre ruine (M. J. CHÉN. Oedipe roi, II, 2)

Opérer. Les planètes font leur révolution autour du soleil en un temps déterminé.

8. Se faire, faire à soi, se créer, se procurer.

C'en est peut-être assez [de fermeté] pour une âme commune Qui du moindre péril se fait une infortune (CORN. Hor. I, 1)

Je me fais des vertus dignes d'une Romaine (CORN. Cinna, III, 4)

Et de cette union de tendresse suivie Se faire les douceurs d'une innocente vie (MOL. Femm. sav. I, 1)

Une fille.... Qui, dans l'obscurité nourrissant sa douleur, S'est fait une vertu conforme à son malheur (RAC. Brit. II, 3)

Aux champs Apuliens se faire une patrie (VOLT. Tancr. I, 1)

On se fait des idées vagues et des préjugés sur tout (VOLT. Louis XIV, ch. 25)

Je me suis fait enfin dans ces grossiers climats Un esprit et des moeurs que je n'espérais pas (VOLT. Scythes, II, 1)

Il proscrit le sénat, et s'y fait des amis (VOLT. Rome sauv. IV, 4)

Se faire fête d'une chose, s'en réjouir.

Se faire honneur ou gloire de quelque chose, s'en tenir honoré, glorieux.

9. Faire d'une personne, d'une chose.... la changer en, en user comme de...

Que de tous tes sujets il fasse des rebelles (CORN. Perthar. III, 3)

Et d'Indou qu'il était on vous le fait Lapon (LA FONT. Fab. VII, 6)

Il [le loup] s'habille en berger, endosse un hoqueton, Fait sa houlette d'un bâton (LA FONT. ib. III, 3)

Aussi les missionnaires eurent-ils la sagesse de civiliser, jusqu'à un certain point, les sauvages, avant de penser à les convertir ; ils n'essayèrent d'en faire des chrétiens, qu'après en avoir fait des hommes (RAYNAL Hist. phil. VIII, 14)

Fig. Faire d'une mouche un éléphant, exagérer excessivement une petite chose.

Faire de quelque chose une obligation, un devoir, etc. l'imposer comme une obligation, un devoir. Et avec le pronom personnel, se faire un devoir, une obligation d'une chose, la considérer comme de devoir, comme d'obligation.

Faire un mérite à quelqu'un de quelque chose, lui tenir cette chose à mérite. Et, avec le pronom personnel, se faire un mérite d'une chose, la considérer comme un mérite pour soi.

Faire gloire, faire vanité de quelque chose, en tirer gloire, vanité.

Faire ses délices de quelque chose, y prendre un plaisir extrême.

10. Faire suivi de la préposition de, signifie disposer de quelqu'un ou de quelque chose, en tirer parti d'une façon quelconque.

Que voulez-vous que je fasse de cet homme-là ? Nous avons besoin d'argent, il n'en sait que faire (HAMILT. Gramm. 3)

Que ferez-vous de cette chose, de cette personne, c'est-à-dire à quoi vous servira-t-elle ? Que ferait-il de moi ? que ferais-je de lui ? (BOURSAULT Ésope à la cour, IV, 1)

Qu'avez-vous fait de cette personne, de cette chose ? c'est-à-dire comment en avez-vous disposé ? qu'est-elle devenue ? Français, qu'avez-vous fait du héros que j'adore ? (VOLT. Adél. du Guesclin. I, 2)

Faire ce qu'on veut de quelqu'un, se dit d'une personne facile ou faible qui s'accommode à ce qu'on veut d'elle.

À nul fâcheux débat jamais vous ne viendrez, Et vous ferez de lui tout ce que vous voudrez (MOL. Tart. II, 2)

Faites-en des choux, des raves, c'est-à-dire faites-en ce que vous voudrez.

N'avoir que faire de, n'avoir pas besoin de (grammaticalement, la locution équivaut à : n'avoir chose que l'on puisse faire de....).

Qu'a-t-on que faire de l'agriculture ? où l'on donne le bien pour rien, à quoi bon travailler pour l'acquérir ? (BALZ. Des gens savants.)

Veux-tu le réserver [le bien] Pour un âge et des temps qui n'en ont plus que faire ? (LA FONT. Fabl. X, 5)

Ma foi, je crois que je n'ai que faire d'aller au magicien, et voici qui me montre tout ce que je puis demander (MOL. Mar. forcé, 11)

Je sais bien que Votre Majesté n'a que faire de toutes nos dédicaces (MOL. Préc. rid. Épître dédic.)

Il dit fort posément ce dont on n'a que faire (RAC. Plaid. III, 3)

N'avoir que faire à quelqu'un, n'avoir rien à faire auprès de lui.

Je n'ai point été le voir parce que je n'ai que faire à lui (HAMILT. Gramm. 4)

On n'a que faire, il est inutile.

On n'a que faire d'avoir peur de trop charger la complaisance (MOL. l'Av. I, 1)

Vous n'avez que faire de vous reprocher vos vérités (BERN. DE ST-P. Mort de Socr.)

N'avoir que faire, être inutile.

Vous êtes un sot de venir vous fourrer où vous n'avez que faire (MOL. Méd. m. l. I, 2)

Un gouverneur n'a que faire ici (SÉV. 489)

N'avoir que faire de quelqu'un ou de quelque chose, n'en faire nul cas. Je n'ai que faire de lui et de ses visites.

N'avoir que faire, signifie aussi qu'on désapprouve, qu'on trouve mauvais. Je n'ai que faire de vos discours.

Je n'ai que faire ni d'air ni de chanson (MOL. Précieuses, 5)

Tu n'as que faire de railler (MOL. Impr. 3)

Nous n'avons que faire de leurs démêlés (PASC. Prov. 3)

11. Employer ses forces, son activité à quelque chose, s'en occuper, y passer son temps. Faire un travail. Faire sa besogne. Il n'a rien fait de toute la journée.

Que fait-il tout le long du jour ? Le ciel me sera témoin que j'ai fait pour toi tout ce que j'ai pu (MOL. Fourb. de Scap. II, 11)

Hé ! bonjour, ma chère Lisette ; comment te portes-tu, mon enfant ? que fait ta belle maîtresse ? (REGNARD Retour impr. sc. 3)

Ne rien faire, ne faire rien, vivre dans l'oisiveté.

Vous n'êtes pas homme à vous embarrasser de ce que disent les dames de salon avec un nombre de fainéants, lâches envieux qui ne veulent rien faire et qui sont fâchés que les autres fassent (MAINTENON Lett. au duc de Noailles, 13 fév. 1711)

Parce que la noblesse ne faisait rien, on a cru qu'il n'y avait rien de si noble que de ne rien faire (RAYNAL Hist. phil. VIII, 33)

Ne faire rien, se dit d'un écolier qui ne travaille pas, ne s'applique pas. Un jeune homme qui ne fait rien.

N'avoir rien à faire, plus rien à faire, n'avoir pas ou plus d'occupation.

C'est une personne à tout faire, qu'on peut employer ou qu'on emploie à tout dans une maison ; en mauvaise part, c'est une personne dangereuse, capable d'actions mauvaises ou violentes.

Je ne puis, je ne sais que faire à cela, c'est une chose où je ne puis rien.

Que voulez-vous que j'y fasse ? c'est-à-dire, je n'y puis rien, cela ne dépend pas de moi.

C'est un faire le faut, voyez FAIRE LE FAUT, à son rang.

Je n'en ferai rien, je me garderai bien de faire ce dont il est question. Vous voulez que je parte ; je n'en ferai rien.

Non, je n'en veux rien faire ; et, dans cette occurrence, Tout ce que vous croirez m'est de peu d'importance (MOL. Mis. IV, 3)

On dit dans le même sens et dans le langage familier : non ferai.

Je proteste de ne prétendre rien à tous vos biens, pourvu que vous me laissiez celui que j'ai. - Non ferai, de par tous les diables (MOL. l'Av. V, 3)

Faire du mal à quelqu'un, lui causer une souffrance physique ou morale. Oiseleur, laisse-moi, dit-il [l'autour] en son langage ; Je ne t'ai jamais fait de mal.

L'oiseleur repartit : Ce petit animal T'en avait-il fait davantage ? (LA FONT. Fab. VI, 15)

Je lui fais plus de mal que tous les autres (SÉV. 230)

Faire quelque chose à quelqu'un, l'offenser, lui faire du mal.

Ils ne seront pas plus ravis que de voir pendre un Limosin. - Qu'est-ce que les Limosins leur ont donc fait ? (MOL. Pourc. III, 2)

Cela est bien horrible d'être accusée par un mari, lorsqu'on ne lui fait rien qui ne soit à faire (MOL. G. Dandin, I, 6)

Moi qui jamais n'ai rien fait à personne, Il semble qu'aujourd'hui tout le monde m'en veut (IMBERT Jaloux sans amour, IV, 11)

Faire du bien à quelqu'un, se dit d'une personne qui donne des secours à quelqu'un dans la gêne ; se dit aussi d'une chose qui procure du bien-être. Cette potion lui fit du bien.

Elliptiquement, grand bien vous fasse, se dit quand, refusant de faire une chose qui est proposée, on souhaite poliment que la chose fasse bien à celui qui la propose.

Serviteur, et grand bien te fasse, Dit le hibou, pour moi, je veux guérir (LAMOTTE Fables, V, 1)

13. Terme d'agriculture. Récolter. Les cultivateurs ont fait beaucoup de légumes cette année. On fera beaucoup de vin en Bourgogne.

Faire les foins.

Fig. Faire ses orges, voy.

ORGE

.

Il signifie aussi semer, cultiver, sans impliquer l'idée de récolte. J'avais fait du blé d'hiver, il n'a pas réussi.

14. Dans le commerce, faire signifie le genre d'opérations auxquels on se livre. Ce jardinier fait les primeurs. Ce négociant fait les eaux-de-vie.

15. Produire le même effet, le même résultat que.... Le fusil était chargé avec du petit plomb ; mais, tiré de près, le coup fit balle.

Les doigts, qui ont deux lignes de largeur, sont à peu près égaux en grosseur, mais le premier doigt, qui fait pouce, et qui a de longueur douze lignes, a un ongle de trois pouces six lignes qui est large et plat comme ceux des makis (BUFF. Quadrup. t. XIII, p. 74, dans POUGENS)

Terme de vétérinaire. Faire les forces, faire ciseaux, se dit d'un cheval qui remue sans cesse sa mâchoire. Faire grenier ou magasin, se dit lorsque des pelotes d'aliments restent entre les joues et les molaires du cheval. Faire la révérence, broncher.

16. Arranger, mettre dans un état convenable. Faire une chambre. Faire un lit. Faire un appartement. Faire les habits.

Un grand benêt de vingt-cinq ou vingt-six ans, qu'elle avait pris pour faire le jardin (SÉV. 143)

Au noble hôtel de la Vermine, On est logé très proprement ; Rivarol y fait la cuisine, Et Champcenets l'appartement (BEAUMARCH. Épigr.)

Faire la barbe, raser.

Terme de boucherie. Faire une bête, la tuer et la préparer comme il faut.

Fig. Faire le bec à quelqu'un, voy.

BEC

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Familièrement. Faire maison nette, congédier tous ses domestiques.

Faire table rase, voy.

TABLE

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17. Mettre en pratique, observer, en parlant de choses d'obligation, de précepte. Faire ce que Dieu ordonne.

Faites votre devoir, et laissez faire aux dieux (CORN. Hor. II, 8)

Si les sages mortels à qui je dois la vie N'avaient fait à mon coeur un contraire devoir (VOLT. Orph. IV, 4)

Terme de jurisprudence. Obligation de faire, obligation d'accomplir une action. Obligation de ne pas faire, obligation de s'abstenir d'une action.

Se conformer à une prescription, à une obligation temporaire. Faire diète. Faire gras. Faire la quarantaine, ou faire quarantaine.

Ce sont les riches qui n'ont pas la force de faire carême ; les pauvres jeûnent toute l'année (VOLT. Dict. phil. Carême.)

Fig. Faire son devoir, se dit de choses employées avec une grande force à faire quelque chose.

Qu'il n'est griffe ni dent en la bête irritée Qui de la mettre en sang ne fasse son devoir (LA FONT. Fabl. II, 9)

Faire une fête, la célébrer. Faire les Rois. Faire la Cène.

Je m'en vais après dîner à Brévanes faire la Saint-Martin (SÉV. 479)

Populairement. Faire le lundi, passer la journée du lundi à s'amuser au lieu de travailler.

Faire le sabbat, voy.

SABBAT

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18. Former par un exercice convenable. Ce général a fait de bons officiers.

Tandis que, pour faire des soldats, il obligeait les hommes à une vie si laborieuse et si tempérante (BOSSUET Hist. I, 6)

Faire la main, donner de l'habileté à la main. Cela fait la main.

Se faire la main, devenir habile de la main.

Terme de fauconnerie. Faire l'oiseau, le dresser.

Accoutumer, habituer. Les voyages l'ont fait à la fatigue.

Voiture qui, si galamment, Avait fait je ne sais comment Les muses à son badinage (SARRASIN Pompe funèbre de Voiture.)

19. Se dit des choses qui marquent espace, étendue. Faire des pas. Faire une promenade. Faire un tour de jardin. Un homme qui fait deux lieues par heure. Faire du chemin.

Voyage qui ne peut pas être moins de trois cents lieues ; et autant tout au moins pour les autres détours en différents endroits ; il se trouvera qu'Alexandre, dans l'espace de moins de huit ans, aura fait avec son armée dix-sept cents lieues, sans parler de son retour à Babylone (ROLLIN Hist. anc. Oeuvres t. VI, p. 189, dans POUGENS)

M. Fabry, qui avait erré pendant quinze mois dans les terres de l'Ouest, au delà du fleuve Mississipi, m'a assuré qu'il avait fait souvent trois et quatre cents lieues sans rencontrer un seul homme (BUFF. Quadrup. t. III, p. 221, dans POUGENS)

Fig. Faire son chemin, obtenir de l'avancement, s'enrichir.

On dit dans le même sens, il a bien fait du chemin en peu de temps.

Faire des progrès, voy.

PROGRÈS

.

20. Il exprime un grand nombre de modes d'action et de manières d'être, au moyen des autres mots de la phrase auxquels il est lié et qui lui donnent sa signification spéciale. En voici quelques exemples.

Faire l'admiration, être admiré.

Quoique jeune encore, il faisait l'admiration de tous ceux qui le connaissaient (ROLLIN Hist. anc. Oeuvres, t. x, p. 421)

Faire des affaires, de mauvaises affaires à quelqu'un, lui susciter des embarras, des querelles, des périls.

Les mauvaises affaires que M. d'Aubigné s'était faites l'obligèrent à la fin de prendre un établissement à l'Amérique (Mme DE CAYLUS Souvenirs, p. 11, dans POUGENS)

Faire de mauvaises affaires, se ruiner, faire faillite.

Faire besoin, être nécessaire.

Quand nous faisons besoin, nous autres misérables, Nous sommes les chéris et les incomparables (MOL. l'Ét. I, 2)

Faire un faux bond, commettre une faute.

Mais s'il faut qu'à l'honneur elle fasse un faux bond (MOL. Éc. des f. III, 2)

Faire comparaison, comparer.

Voyez ces animaux, faites comparaison De leurs beautés avec les vôtres (LA FONT. Fabl. I, 7)

Cette muraille fait le coude, elle forme un coude, un angle.

Faire le coup de fusil, échanger des coups de fusil avec une troupe armée.

Faire des discours, tenir des propos, un langage.

Tous ces signes sont vains ; quels discours as-tu faits ? (MOL. l'Ét. III, 4)

Sa maison fait face à la mienne, elle est en face de la mienne.

Ce tableau fait pendant à tel autre, il sert ou peut servir de pendant à tel autre.

Faire bonne mine, bon visage à quelqu'un, voy.

MINE

et

VISAGE

.

Faire règle, loi, jurisprudence, c'est-à-dire être tenu pour règle, loi, jurisprudence. Ce texte fait règle. Cet exemple fait loi. Cet arrêt fait jurisprudence.

Faire des siennes, faire des fredaines.

On dit faire des leurs, quand il s'agit de plusieurs personnes.

Causant, riant, faisant des leurs, Les amours suivent sur deux lignes (BÉRANG. Mon enterr.)

Faire les yeux doux, voy.

OEIL

.

Ne faire ni une ni deux, voy.

DEUX

.

21. Il se dit de certaines fonctions de guerre. Faire sentinelle, faire faction, faire la garde, faire le guet, faire la ronde, faire la revue d'une armée.

22. Terme de marine. Faire de l'eau, faire sa provision d'eau.

Faire eau, se dit en parlant d'un vaisseau qui a une fente par où l'eau s'introduit.

Faire les vivres, réunir les vivres nécessaires. Faire du bois, faire la provision de bois pour le bâtiment.

Faire le quart, faire bon quart, veiller pendant le quart.

Faire abordage, donner contre un vaisseau par accident.

Faire la contre-marche, faire passer le vaisseau derrière la flotte pour revirer ou changer de bord.

Faire pavillon, déployer le pavillon.

Faire des feux, indiquer par des fanaux le danger où l'on se trouve.

Faire honneur à une roche, s'en éloigner.

Faire porter, arriver pour avoir plus de vent dans les voiles.

Faire servir, déployer les voiles, mettre le navire en route.

Faire tête, présenter le cap au vent ou au courant.

Faire vent arrière, prendre le vent en poupe.

Faire le nord, faire le sud, naviguer vers le nord, vers le sud.

Faire des bordées ou une bordée, synonyme de courir des bordées.

Flacourt toucha en faisant sa bordée trop près du Diamant (Mém. de VILLETTE, 1686, dans JAL)

Faire sa cale, arranger dans la cale de son navire tout ce qui doit y trouver place.

Dans les galères, faire armes en couverte, c'était faire ce qu'on nomme aujourd'hui le branle-bas de combat.

Anciennement. Faire cap à la flotte, prendre la tête de la flotte, marcher le premier dans une réunion de navires, pour indiquer la route à tous les bâtiments. Faire cap à la mer, tourner l'avant du navire du côté du large.

23. Terme de natation. Faire la planche, se soutenir sur le dos dans l'eau.

24. Terme de vénerie. Faire sa tête, se dit du cerf dont le bois pousse depuis le mois de mars jusqu'au mois d'août.

Faire sa nuit, se dit du cerf qui sort des demeures à la fin du jour, et va aux gagnages, où il reste jusqu'au lendemain matin.

Faire tête aux chiens, les attendre, se défendre, surtout en parlant du sanglier et du loup.

25. Terme de jeux. Faire les cartes, les battre avant de les distribuer.

Absolument. À qui est-ce à faire ?

Faire une levée, prendre les cartes qui sont jouées pour un coup.Faire la main, faire sa main, c'est-à-dire faire le plus grand nombre de levées.

Faire le jeu, mettre au jeu. Le jeu est-il fait ?

Faire tant de points, gagner tant de points.

Faire la partie de quelqu'un, jouer avec lui.

Faire le whist, le boston de quelqu'un, jouer habituellement avec lui le whist, le boston.

Après avoir fait le whist de la marquise (PICARD Trois quartiers, I, 2)

Absolument, faire le whist, le piquet, faire la partie de whist, de piquet.

Au billard, faire signifie faire entrer une bille dans la blouse. Faire quelqu'un, faire sa bille. Faire une bille au doublé. Faire un carambolage, caramboler.

Au trictrac, faire une case, un jan. Faire école, oublier de marquer les points que le coup de dé donne. Faire école de partie, oublier de marquer un trou.

À la quintaine, faire une tête, enlever la tête avec la lance.

Ils disputèrent le prix en une seule course, dans laquelle ils firent chacun quatre têtes (DANGEAU I, 131, 4 mars 1685)

26. Amasser, mettre ensemble, en parlant d'argent ou de choses dont on a besoin. Voilà tout l'argent qu'il a pu faire. Faire des provisions, faire ses provisions. Faire une somme.

Faire de l'argent, s'en procurer. Il avait des tableaux et des curiosités ; il en a fait quelque argent.

27. Faire des recrues, appeler des hommes sous les drapeaux.

On a dit dans le même sens, mais on ne le dit plus guère, faire des hommes, faire des troupes, faire des régiments.

Alexandre voulut faire ces nouvelles troupes pour contre-carrer les vieilles et réprimer leur licence (VAUGEL. Q. C. 554)

Lavardin et Amilly faisaient des troupes pour le roi dans le pays du Maine (RETZ II, 316)

On dit aussi faire la maison d'un prince, d'un grand seigneur.

28. Acquérir, gagner. Il a fait de très beaux bénéfices. Cet entrepreneur fait à peine ses frais.

Je suis bien aise que saint Candide fasse des miracles ; mais je ne me soucie pas que ses miracles fassent de l'argent (MAINTENON Lett. à Mme de Brinon, 22 août 1683)

On dit dans un sens analogue, faire une bonne maison.

Faire fortune, gagner beaucoup d'argent.

Il fit une assez grande fortune qu'il n'eût pas faite s'il n'eût été qu'homme de lettres (VOLT. Louis XIV, Écrivains, Valincour.)

Faire sa fortune, gagner puissance, dignité, gloire, crédit, renom.

Il y avait entre Henri et Louis cette différence qui se trouve si souvent entre un gentilhomme qui a sa fortune à faire, et un autre qui est né avec une fortune faite (VOLT. Fragm. sur l'hist. art. 18)

Faire sa fortune, signifie aussi devenir riche.

29. Consacrer un temps à l'étude d'une chose. Faire ses humanités, son apprentissage.

Faire son temps, accomplir les années de son service. Ce soldat a fait son temps, il est libéré.

Faire son temps, se dit aussi d'un forçat condamné pour un temps.

Par extension. Ce vieillard a fait son temps, il a vécu longtemps.

Cela a fait son temps, cela n'est plus de mise, n'a plus d'influence. Ces idées ont fait leur temps.

30. Il se dit en parlant des différentes professions, métiers, emplois qu'on exerce. Faire les fonctions de maître des cérémonies. Faire la médecine, le commerce, la banque. Il ne sait pas faire son métier.

Fig. Faire métier et marchandise, trafiquer malhonnêtement.

Ces gens qui, par une âme à l'intérêt soumise, Font de dévotion métier et marchandise (MOL. Tart. I, 6)

Dans l'Église catholique, faire le diacre, le sous-diacre, faire les fonctions de diacre, de sous-diacre.

31. Passer par, avoir pour maîtres, en parlant de domestiques. Ce domestique a fait plusieurs maîtres. Cette femme de chambre n'est pas habile ; elle fera plusieurs maisons.

32. Faire une maladie, passer par une maladie, la subir.

Elle a fait une maladie de langueur, et s'est vue réduite à la dernière misère (GENLIS Théât. d'éduc. la March. de mod. sc. 5)

33. Il se dit de différentes occupations de la vie courante. Faire de l'exercice. Faire des visites. Faire une promenade.

Faire un bon dîner, un mauvais dîner, avoir à son dîner des mets bons, mauvais.

J'espère que, cet hiver, vous voudrez bien faire chez moi de ces petits dîners dont je prétends tirer tant d'avantages (RAC. Lett. à Boileau, 6 oct. 1692)

34. Constituer quelqu'un en une certaine dignité ou titre.

Il a perdu d'honneur Celui que de mon fils j'ai fait le gouverneur (CORN. Cid, II, 7)

Ne vous hasardez point à faire un empereur (CORN. Othon, II, 5)

Je puis faire les rois, je puis les déposer (RAC. Bérén. III, 1)

Les évêques du temps des Carlovingiens faisaient et défaisaient les rois (VOLT. Moeurs, 27)

J'ai fait des souverains et n'ai pas voulu l'être (VOLT. Oed. II, 4)

Faire de l'Académie, de l'Institut, élire membre de l'Académie, de l'Institut.

Il faudra le faire de l'Académie ; après avoir eu tant de prix, il est bien juste qu'il en donne (VOLT. Lett. Marmontel, 21 août 1767)

Faire se dit aussi pour donner une profession. Il a fait son fils avocat, prêtre. Sa mère l'a faite couturière.

35. Donner à quelqu'un certaine qualité, condition, avec un nom de personne pour sujet.

Disposez de mon sang, les dieux vous en font maître (CORN. Hor. v, 1)

Vous m'aurez faite heureuse, et c'est assez pour vous (CORN. Perthar. II, 1)

Un autre peintre lui faisait voir le tableau d'une Hélène qu'il avait peinte avec soin et qu'il avait ornée de beaucoup de pierreries, il lui dit : Oh mon ami, n'ayant pu la faire belle, vous avez voulu du moins la faire riche (ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. II, 1re part. p. 172, dans POUGENS.)

On a trahi le fils, on fait la mère esclave (VOLT. Mérop. II, 4)

Madame d'Ostalis et moi, nous sommes ce qu'on nous a faites (GENLIS Ad. et Théod. t. II, lett. 29, p. 259, dans POUGENS.)

Faire quelqu'un dupe, le tromper. Il m'a fait sa dupe.

Donner un certain caractère.

Enfin je veux vous faire ennemis légitimes (CORN. Hor. II, 6)

J'ai fait des malheureux sans doute, et la Phrygie Cent fois dans votre sang a vu ma main rougie (RAC. Andr. I, 4)

Prennent-ils donc plaisir à faire des coupables, Afin d'en faire après d'illustres misérables ? (RAC. Théb. III, 2)

Et je vous ferai juge entre Athalie et lui (RAC. Athal. v, 2)

De deux fils que j'aimai les dieux m'avaient fait père (VOLT. Brutus, v, 7)

Sophonisbe en ces lieux peut faire des perfides (VOLT. Soph. IV, 1)

La raison fait des philosophes, et la gloire fait des héros ; la seule vertu fait des sages (VAUVENARGUES. Max. 531)

Avec un nom de chose pour sujet.

Et nous verrons ainsi que fait mieux un brave homme Des leçons d'Annibal, ou de celles de Rome (CORN. Nicom. I, 3)

Les exploits Qui vous ont fait l'envie et la terreur des rois (ROTR. Bélis. V, 3)

Inspirez-nous cette bonne volonté qui fait les justes (MASS. Carême, Tiédeur, 1)

36. Terme de bourse. La rente, la bourse a fait tant, c'est-à-dire le taux de la rente, de la bourse a été de tant.

Terme de finances. Faire les deniers bons, se rendre garant du payement d'une somme. Locution vieillie.

Terme de jeu. Faire bon, répondre qu'on payera tout ce qu'on perdra au delà de ce qui est au jeu. Faire bon partout. Faire bon de tout.

37. Il se dit des personnes qu'on se concilie, qu'on s'attache, etc.

Faisons des protecteurs sans faire d'ennemis (CORN. Théod. II, 2)

Tout ami dit : j'ai fait un ami, et ce lui est une grande joie (BOSSUET Polit. X, IV, 3)

En un soir, ce n'est pas être heureux à demi, Je trouve un doux asile et je fais un ami (COLLIN D'HARLEV. Chât. en Esp. II, 11)

Faire une maîtresse, gagner l'amour d'une femme.

Tous sauraient comme lui, pour faire une maîtresse, Perdre le souvenir des beautés de leur Grèce (CORN. Toison d'or, I, 2)

Cléon fait chaque jour de nouvelles maîtresses (DESTOUCHES Dissip. I, 2)

Très familièrement. Faire une femme, se dit pour faire une maîtresse.

Faire un amant, en parlant d'une femme.

Il est vrai, jusqu'ici je n'ai point fait d'amants ; Mais je n'ai point encor passé le temps d'en faire (HAUTEROCHE Bourg. de qualité, I, 5)

Aussi, m'a-t-on dit, n'avait-elle guère fait d'amants, mais beaucoup d'amis et même d'amies (MARIV. Mariane, 4e part.)

38. Représenter un personnage. Faire les amoureux, les valets.

Et qui fait les rois parmi vous ? (MOL. Impr. 1)

Mme de Caylus fait Esther (SÉV. 572)

Faire tel ou tel personnage, se donner pour avoir telle ou telle qualité. L'un devait faire le maître, et l'autre le valet.

Fig. Faire un sot personnage, un plat personnage, figurer d'une manière peu honorable, désagréable, ou nulle, parmi d'autres personnes, dans une affaire.

39. Prendre le caractère de, jouer le rôle de.

D'une vaine parure inutile à sa peine, Elle peut acquérir de quoi faire la reine (CORN. Médée, III, 2)

Ce serait à vos yeux faire la souveraine (CORN. Nicom. III, 1)

Il me souvient que votre oncle a déjà commencé par un soufflet, à faire le Jupiter sur mon visage (HAUTEROCHE le Cocher, sc. 6)

Tandis que ce nigaud, comme un évêque assis, Fait le veau sur son âne et pense être bien sage (LA FONT. Fabl. III, 1)

Il n'est pas jusqu'au savant Usser qui n'ait voulu, à ce qu'on prétend, faire le prophète (BOSSUET Variat. XIII, § 41)

Leur Confutzée, que nous appelons Confucius, n'imagina ni nouvelles opinions, ni nouveaux rites ; il ne fit ni l'inspiré, ni le prophète ; c'était un sage magistrat, qui enseignait les anciennes lois (VOLT. Moeurs, introd. Chine.)

C'est alors que Pierre dit : Mon frère Charles veut faire l'Alexandre, mais il ne trouvera pas en moi un Darius (VOLT. Russie, I, 16)

Viens, Camille, Soupe avec nous, Que nous fassions les fous (BÉRANG. Bonne fille.)

Feindre d'être ce qu'on n'est pas.

Ainsi la cruauté fait la douce, et paraît officieuse et bienfaisante (BALZAC 5e disc. sur la cour.)

Dorante avec chaleur fait le passionné (CORN. le Ment. IV, 8)

Rien ne vous sert ici de faire le surpris (CORN. Rodog. II, 3)

Tu fais adroitement le doux et le sévère (CORN. Perthar. IV, 2)

En vain par politique il fait ailleurs l'amant (CORN. Tite et Bérén. III, 1)

Je ferai le vengeur des intérêts du ciel (MOL. Festin, v, 2)

Je connus que j'avais trop fait le janséniste (PASC. Prov. I)

Mettre de l'affectation à se montrer avec telle ou telle qualité.

Tu me braves, Cinna, tu fais le magnanime (CORN. Cinna, v, 1)

Ce trône refusé dont vous faites le vain (CORN. Tois. d'or, III, 1)

Vous faites hors de temps le brave et le rebelle (MAIR. Soliman, v, 8)

Elle [l'idolâtrie] faisait quelquefois la respectueuse envers la divinité (BOSSUET Hist. II, 12)

On fait le philosophe et l'esprit fort, et l'on est en secret le pécheur le plus rampant (MASS. Carême, Doutes sur la religion)

Me voilà forcé par vous-même à m'exposer à toute la méchanceté de mes ennemis, à tout le ridicule d'un vieillard qui veut faire le jeune homme, et à tous les chagrins qui peuvent suivre un tel désagrément (VOLT. Lett. d'Argental, 3 oct. 1777)

Se donner certains airs, prendre certaines manières. Il fait l'impertinent. Faire le dégoûté.

Elle [mouche] s'en attribue uniquement la gloire, Va, vient, fait l'empressée (LA FONT. Fabl. VII, 9)

Cette D*** fait la personne de qualité (SÉV. 216)

La vanité de faire l'éclairée quand je ne le suis pas (SÉV. 434)

Faire le mort, faire semblant d'être mort.

L'autre plus froid que n'est un marbre Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent (LA FONT. Fab. v, 20)

Fig. et familièrement. Faire le mort, dissimuler.

Faire du, trancher de, simuler.

Et faisant des mourants et de l'âme saisie (RÉGNIER Sat. XIII)

Il fait de l'insensible, afin de mieux surprendre (CORN. Rodog. IV, 6)

J'ai fait du souverain et j'ai tranché du brave (ROTR. Vencesl. IV, 2)

Un tel aveu vous surprend et vous touche ; Mais faire ici de la petite bouche Ne sert de rien.... (LA FONT. Calendrier.)

Apparemment Lanoue n'eût point fait du prophète s'il n'eût eu de ces présages politiques devant les yeux qui sont bien plus certains que les présages de la superstition (BAYLE Lettre sur les comètes, p. 529)

Faire de son drôle, faire le brave, et aussi avoir des succès.

J'ai bravé ses armes assez longtemps [de l'amour] et fait de mon drôle comme un autre (MOL. Princ. d'Él. II, 2)

J'ai ouï dire, moi, que vous avez été autrefois un bon compagnon parmi les femmes ; que vous faisiez de votre drôle avec les plus galantes de ce temps-là (MOL. Scapin, I, 6)

40. Causer, déterminer, procurer, avec un nom de personne pour sujet.

Quand je lui veux partout faire des ennemis (CORN. Sertor. v, 1)

... Ou mille empêchements que vous ferez vous-même (CORN. Nicom. v, 5)

Et j'aurais cette honte en ce funeste sort D'avoir prêté mon crime à faire votre mort (CORN. Oedipe, II, 4)

Que m'importe qu'il [le ciel] montre un visage plus doux Quand il fait des malheurs qui ne sont que pour nous (CORN. ib. v, 11)

C'est à l'heur du retour que leur courage aspire Et non pas à l'honneur de me faire un empire (CORN. Tois. d'or, I, 3)

Notre gloire, il est vrai, deviendra sans seconde, Si nous faisons sans eux la liberté du monde (CORN. Sertor. II, 2)

Et je vous consolais au milieu de vos plaintes, Comme si notre Rome eût fait toutes nos craintes (CORN. Hor. I, 1)

[Ma mort].... Ferait une triste et prompte occasion De rejeter l'État dans la division (CORN. Pulch. II, 2)

Si dans les différends que le ciel vous peut faire (CORN. Suréna, III, 1)

Malgré toute la puissance romaine on voyait les chrétiens, sans révolte, sans faire aucun trouble, changer la face du monde et s'étendre par tout l'univers (BOSSUET Hist. II, 7)

Si on le vit faire des réconciliations sincères dans ces lieux où l'on dissimule les haines et où l'on ne les quitte pas (FLÉCH. Panég. II, p. 353)

Un roi victorieux nous a fait ce loisir (RAC. Esth. Prol.)

.... Par quel charme.... Bajazet a pu faire un si grand changement (RAC. Bajaz. III, 1)

Vous ferez d'un seul mot le sort de cet empire (VOLT. Orphel. v, 4)

Occupez le sénat, faites-lui des coupables (M. J. CHÉN. Tib. III, 2)

Fig. Faire la pluie et le beau temps, régler tout à son gré.

Je fais comme il me plaît le calme et la tempête (RAC. Esth. III, 5)

Avec un nom de chose pour sujet.

Cet Achille de qui la pique Faisait aux braves d'Ilion La terreur que fait en Afrique Aux troupeaux l'assaut d'un lion (MALH. III, 1)

Car Chimène aisément montra par sa conduite Que la haine aujourd'hui ne fait pas sa poursuite (CORN. Cid, v, 4)

La sienne [estime] dans la cour lui fait mille jaloux (CORN. Nicom. III, 8)

La paix calme l'effroi que me fait la bataille (CORN. Hor. IV, 4)

Ce qui fait nos frayeurs ne peut le mettre en peine (CORN. Poly. I, 3)

Votre amour fait ma faute, il fera mon excuse (CORN. Pomp. IV, 3)

Seigneur, l'occasion fait un coeur différent (CORN. Nicom. IV, 5)

Oui, je veux bien qu'on sache, et j'en dois être crue, Que le sort offre ici deux objets à ma vue, Qui, m'inspirant pour eux différents sentiments, De mon coeur agité font tous les mouvements (MOL. Éc. des mar. II, 14)

Ce nom [de gentilhomme] ne fait aucun scrupule à prendre (MOL. Bourg. gent. III, 12)

Vous voyez ce que la douceur a fait sur son esprit (SÉV. 578)

Leur attente frustrée fait leur supplice (BOSSUET Hist. II, 13)

La joie importune De tant d'amis nouveaux que m'a faits la fortune (RAC. Bérén. I, 4)

Une fontaine qui coulait dans un coin y faisait un doux murmure qui appelait le sommeil (FÉN. Tél. IV)

Vous devez sentir le vide de tout ce qui fait l'agitation et l'empressement des autres hommes (MASS. Carême, Prosp. temp.)

C'est, sire, mon extrême et respectueuse tendresse pour votre personne.... qui, plus que tout, me fait du désir [m'inspire le désir] de me rapprocher de votre majesté (SAINT-SIMON t. VIII, p. 242, édit. CHÉRUEL.)

De grands États, tels que la Bourgogne, l'Artois, la Flandre, la Bretagne, la Guyenne, relevants de la couronne, faisaient toujours l'inquiétude du prince beaucoup plus que sa grandeur (VOLT. Moeurs, 75)

Cet habile naturaliste a remarqué, dans une lave grise, pesante et très dure, des cristaux assez gros, mais confus, lesquels réduits en poudre ne faisaient aucune effervescence avec l'acide nitreux (BUFF. Min. t. III, p. 125, dans POUGENS.)

Cela ne lui fait ni chaud ni froid, cela lui est tout à fait indifférent.

Cela ne fait ni chaud ni froid, cela est indifférent, ne nuit ni ne sert.

41. Être, constituer.

C'est gloire de passer pour un coeur abattu Quand la brutalité fait la haute vertu (CORN. Hor. IV, 4)

Il fait toute ma gloire, il fait tous mes désirs ; Ne devrait-il pas faire aussi tous mes plaisirs ? (CORN. Tite et Bérén. I, 1)

L'habit fait la doctrine (PASC. Prov. 4)

Quoiqu'ils ne refusent en effet que de reconnaître que Jansénius ait tenu ces propositions qu'ils condamnent, ce qui ne peut faire d'hérésie (PASC. ib. 17)

La pensée qui fait l'être de l'homme (PASC. dans COUSIN)

L'humilité d'un seul fait l'orgueil de tous (PASC. dans COUSIN)

Les nouvelles d'Allemagne font toute notre attention (SÉV. 202)

Les petites vertus qui font l'agrément de la société (SÉV. 266)

Huit ou neuf ans au plus, dont on pourrait disputer sur un compte de 490 ans, ne feront jamais une importante question (BOSSUET Hist. II, 4)

Toutefois cette vérité faisait si peu un dogme universel de l'ancien peuple, que les Saducéens, sans la reconnaître, non-seulement étaient admis dans la synagogue, mais encore élevés au sacerdoce (BOSSUET ib. 6)

Le sang des Ottomans dont vous faites le reste (RAC. Baj. II, 3)

Que Dieu fera toujours le premier de vos soins (RAC. Athal. IV, 3)

Ils vont jusqu'à un certain point qui fait les bornes de leur capacité (LA BRUY. I)

La crainte fait presque toute notre religion (MASS. Car. Confess.)

Consolez mes vieux ans dont vous faites l'espoir (VOLT. Tancr. I, 4)

L'amour du genre humain qui fait mon caractère (VOLT. Lett. Prusse, 2)

Le nom de phénicoptère, oiseau à l'aile de flamme, est un exemple de ces rapports sentis qui font la grâce, l'énergie du langage de ces Grecs ingénieux (BUFF. Ois. t. XVI, p. 294, dans POUGENS)

On dit dans un sens analogue, faire un bon avocat, un bon soldat, etc. avoir les qualités qui font le bon avocat, le bon soldat, etc.

Pour faire un bon mari vous aimez trop les femmes (DE BIÈVRE Séducteur, II, 2)

42. Il se dit aussi de choses qui, par leur réunion, forment un tout, un ensemble. Deux et deux font quatre. Les qualités qui font le grand homme.

Les plébéiens qui faisaient toujours le plus grand nombre dans ces assemblées (VERTOT Révol. rom. III, 259)

On trouva que le nombre des citoyens pubères faisait à Rome le quart de ses habitants (MONTESQ. Rom. III)

43. Faire tout, avoir la suprême influence, être décisif.

L'argent faisait tout à Rome (BOSSUET Hist. I, 9)

Les dates font tout en cette matière (BOSSUET ib. II, 13)

Les caractères de Guillaume et de Jacques firent tout (VOLT. Louis XIV, 15)

D'un bout du monde à l'autre bout L'habit fait tout (BÉRANG. Vieux hab.)

Qu'est-ce que cela fait ? c'est-à-dire quelle influence cela a-t-il ? Qu'est-ce que cela fait à notre sujet ? (BOSSUET Nouv. myst. 10)

Qu'est-ce que le nom fait à la chose ? (VOLT. Phil. ignor. 13)

Familièrement. Qu'est-ce que cela fait là ? c'est-à-dire à quoi cela sert-il en ce lieu-là ?

Qu'est-ce que cela me fait ? que m'importe ?

Ne rien faire à.... Être sans importance dans....

Rien n'y font les soupçons (LA FONT. F. avare)

Hérès chez Platon ne ressuscita à la vérité que pour quinze jours ; mais c'était toujours une résurrection, et le temps ne fait rien à l'affaire (VOLT. Dict. phil. Résurrection, 3)

Quoique les noms ne fassent rien à la nature, c'est cependant rendre service à ceux qui l'étudient que de les leur interpréter (BUFF. Quadrup. t. V, p. 165, dans POUGENS)

44. Représenter comme, en parlant de personnes ou de choses.

Ils reçoivent à bras ouverts un banni qui leur fait aisée la conquête de son pays (BALZAC 2e discours.)

Mais je vous vois, Maxime, et l'on vous faisait mort (CORN. Cinna, IV, 5)

L'indignité.... Dont je connais qu'à tort je te faisais l'auteur (ROTR. Bélis. I, 2)

Mais, las ! il le fait, lui, si rempli de plaisirs [le mariage], Que de se marier il donne des désirs (MOL. Éc. des f. v, 4)

Je viens d'apprendre que celui que tout le monde faisait auteur de vos apologies les désavoue (PASC. Prov. 16)

Il n'est pas si terrible qu'on le fait (MASS. Carême, Fausse conf.)

45. Évaluer à un certain prix. Combien faites-vous le mètre de velours ? dix francs.

Le marchand fit son chantre mille écus, et son grammairien trois mille (LA FONT. Vie d'Ésope.)

46. Allouer, en parlant d'une somme.

C'était bien peu de ne faire que 100 livres à une fille qui avait apporté 8000 livres (BOSSUET Lett. relig. 76)

Faire les fonds, fournir l'argent nécessaire. C'est lui qui a fait les fonds de cette entreprise.

47. Terme de grammaire. Avoir une certaine désinence ou flexion. Cheval fait au pluriel chevaux.

48. Rendre des excréments. Ce malade fait tout sous lui. Faire du sang, de la bile, des glaires, rendre du sang, de la bile, des glaires avec les selles.

Ai-je bien fait de la bile ? (MOL. Mal. imag. I, 2)

Absolument. Rendre ses excréments.

Le duc de Gesvres voulut faire le gaillard au souper de la noce ; il en fut puni ; il fit partout dans le lit (SAINT-SIMON 115, 258)

Quand vous aurez fait, vous couvrirez de terre vos excréments (VOLT. Phil. IV, 209)

Faire dans ses chausses, laisser aller ses excréments dans sa culotte ; et fig. avoir une peur extrême.

La postérité ne se doutera jamais combien, dans ce siècle de lumières et de batailles, il y eut de savants qui ne savaient pas lire et de braves qui faisaient dans leurs chausses (P. L. COUR. Lett. I, 132)

Faire de l'eau, uriner.

Faire du sable, faire une pierre, rendre du sable, une pierre avec l'urine.

49. Chemin faisant, tout en cheminant ; locution qui est par inversion pour : en faisant chemin.

Chemin faisant, il vit le cou du chien pelé (LA FONT. Fabl. I, 5)

50. Faire, suivi d'un adjectif pris adverbialement.

Faire court, abréger.

Mais bientôt il le prit en homme de courage, En galant homme et, pour le faire court, En véritable homme de cour (LA FONT. Joc.)

Faire ferme, s'arrêter pour tenir tête à l'ennemi.

Les Tyriens, voyant les ennemis maîtres de leur rempart, se retirèrent vers la place d'Agénor, où ils firent ferme (ROLLIN Hist. anc. Oeuvres, t. VI, p. 287, dans POUGENS)

Faire, avec un adverbe de quantité, autant, plus, assez.

Je crois faire pour elle autant que vous pour Rome (CORN. Hor. II, 3)

Quand on a assez fait auprès de certaines personnes pour avoir dû se les acquérir, si cela ne réussit point, il y a encore une ressource qui est de ne plus rien faire (LA BRUY. IV)

J'ai fait plus que maint duc et pair Pour mon pays que j'aime (BÉRANG. Vivand.)

Faire tant, en venir à.

L'aigle et le chat-huant leurs querelles cessèrent, Et firent tant qu'ils s'embrassèrent (LA FONT. Fabl. v, 18)

À tant faire que de choisir, encore faut-il avoir ce qu'il y a de mieux.

51. Faire, construit avec la particule en. En faire de même, agir, se comporter semblablement.

C'est que je l'aime et qu'on estime Qu'elle en fait de même de moi (MALH. V, 20)

En faire trop, assez.

Quelle illusion ! de peur d'en faire trop pour Dieu, on ne fait rien du tout (MASS. Carême, Mort.)

On se reproche de n'en pas faire assez pour une fortune de boue (MASS. ib.)

En faire autant, faire la même chose.

Une autre la suivit, une autre en fit autant (LA FONT. Fabl. III, 4)

En faire à sa tête, ne faire que sa volonté.

Qui voulant en faire à sa tête (LA FONT. Fabl. II, 10)

En faire à deux fois, se reprendre plus d'une fois à quelque chose, avoir de l'hésitation.

Sans en faire à deux fois, je vous conjure d'embrasser.... (SÉV. 80)

En faire à quelqu'un pour un bras, lui casser un bras en le battant.

J'en suis pour mon honneur ; mais à toi qui me l'ôtes, Je t'en ferai du moins pour un bras ou deux côtes (MOL. Sgan. 6)

Populairement. Je croyais m'en tirer avec cent sous, je m'en suis fait pour quinze francs, c'est-à-dire la dépense s'est élevée à quinze francs.

52. Faire, construit avec un infinitif. Dans cette construction, faire donne à la phrase un sens causatif ; c'est par cet artifice que le français a remplacé les verbes causatifs qui se trouvent dans certaines langues ; aussi, en cet emploi, le participe fait est toujours invariable : les soupçons qu'il a fait naître, et non qu'il a faits naître, parce que faire naître est considéré comme un seul mot. En cet emploi faire a trois sens : être cause que ; charger de ; attribuer à.

Être cause que.

Cela fait dire à Cicéron que.... Que le sort favorable Lui fasse rencontrer un ami secourable (MALH. I, 4)

Qui le fait se charger du soin de ma famille ? Qui le fait, malgré moi, vouloir venger ma fille ? (CORN. Hor. v, 3)

Mais, seigneur, je m'emporte, et l'excès d'un tel heur Me fait vous en parler avec trop de chaleur (CORN. Sertor. I, 3)

Il a fait entendre les sourds et parler les muets (SACI Bible, Év. St Marc, VII, 37)

J'ai pâli du dessein qui vous a fait sortir (RAC. Phèdre, IV, 6)

[Calchas] Fera taire nos pleurs, fera parler les dieux (RAC. Iphig. I, 1)

Je le fis nommer chef de vingt rois ses rivaux (RAC. ib. III, 6)

L'amour d'une vaine gloire vous a fait parler sans prudence (FÉN. Tél. IV)

La nature n'a-t-elle pas imposé une grande peine au peuple et aux malheureux de les avoir fait naître dans la dépendance ? (MASS. Pet. carême, Hum. des grands.)

Faire faire, être cause qu'on fait.

Vous savez les honneurs qu'on fit faire à son ombre (CORN. Poly. I, 4)

Télémaque prend ces armes, don précieux de la sage Minerve, qui les avait fait faire par Vulcain (FÉN. Tél. XVIII)

Avec faire, on supprime d'ordinaire le pronom personnel d'un verbe réfléchi. Je l'en ferai repentir.

Je ne feindrai pas de vous dire que le hasard nous a fait connaître il y a six jours (MOL. Mal. im. I, 5)

Les mauvais traitements qu'il me faut endurer Pour jamais de la cour me feraient retirer (MOL. Fâcheux, III, 2)

Familièrement. Je ne lui fais pas dire, ou, ce qui est plus usité aujourd'hui, je ne le lui fais pas dire, il le dit de lui-même, c'est sa propre pensée, et non une pensée que je lui suggère.

Vous l'entendez, monsieur, je ne lui fais pas dire (DANCOURT Bourg. à la mode, IV, 6)

Charger de. Je ferai bâtir ma maison à ou par cet architecte. Il fit faire ses habits à ou par un mauvais tailleur. J'ai fait dire par un messager au médecin de venir.

Attribuer, prétendre. Vous faites dire à Cicéron une chose qu'il n'a jamais dite.

Et faisant faussement parler les immortels (ROTROU Antig. v, 5)

À qui Strabon fait traverser l'Europe (BOSSUET Hist. I, 7)

Le sang de ces héros dont tu me fais descendre (RAC. Iphig. V, 6)

Cessez de démentir Le sang des demi-dieux dont on me fait sortir (VOLT. Mér. IV, 2)

53. Faire à savoir, faire connaître.

Si j'avais du crédit en France, je ferais publier à son de trompe : On fait à savoir que, quand les Jacobins disent que la grâce suffisante est donnée à tous, ils entendent que tous n'ont pas la grâce qui suffit effectivement (PASC. Prov. 1)

On fait à savoir à tous qu'un tel n'est pas heureux (P. L. COUR. Lett. II, 12)

Génin a établi par de bonnes raisons, ce semble, qu'il faut lire assavoir, ancien verbe (voy.

ASSAVOIR

) qui fut jadis très employé. Il est de fait que dans ces sortes de constructions faire ne prend pas la préposition à. On trouve, il est vrai, dans la vieille langue des tournures telles que il fait à louer ; mais cela signifie non pas : il fait louer, mais : il agit de manière à être loué, il fait chose à louer.

La Fontaine a dit simplement, dans le même sens, faire savoir.

De par le roi des animaux Fut fait savoir à ses vassaux (LA FONT. Fabl. VI, 14)

54. V. n. Opérer, travailler, se comporter.

Il apprendrait à vaincre en me regardant faire (CORN. Cid, I, 3)

Allons donc les voir faire et montons à la tour (CORN. Pomp. I, 4)

Le cerf ne pleura point, comment eût-il pu faire ? Cette mort le vengeait ; la reine avait jadis Étranglé sa femme et son fils (LA FONT. Fabl. VIII, 14)

54. (l'édition originale est ainsi ; les éditions modernes ont, à tort : comment l'eût-il pu faire).

Faites, prenez parti ; que rien ne vous arrête, Et ne me rompez pas davantage la tête (MOL. Mis. IV, 3)

Il faut faire et non pas dire ; et les effets décident mieux que les paroles (MOL. Fest. de P. II, 5)

Que ne laissiez-vous un peu faire à la Providence ? (SÉV. 430)

L'attaque se fit avec une vigueur extraordinaire, et dura trois bons quarts d'heure ; car les ennemis se défendirent en fort braves gens ; mais comment auraient-ils pu faire ? pendant qu'ils étaient aux mains, tout notre canon tirait, sans discontinuer, sur les deux demi-lunes (RAC. Lett. à Boileau, 3 avril 1691)

En vérité, dit-il, voilà un grand embarras ! laissez-moi faire (FÉN. Tél. VII)

Voyant d'autres gens entrer, je fis comme eux, on me laissa faire (J. J. ROUSS. Confess. II)

Juger est une chose, et faire est une autre (DIDEROT Salon de 1765, Oeuvres, t. XIII, p. 318, dans POUGENS.)

L'intérêt personnel et l'habitude générale en dérobent le crime et la bassesse ; je fais, dit-on, comme font les autres, et l'on se plie à des actions contre lesquelles la conscience cesse bientôt de réclamer (RAYNAL Hist. phil. XIX, 6)

Faire, être employé, avoir part aux affaires, à l'administration, au gouvernement.

Le maréchal de Lorge, qui voulait faire, qui en sentait les moyens, ne cessait de proposer le siége de Mayence (SAINT-SIMON 37, 168)

[Le duc de Duras] c'était un fort honnête homme et fort aimé, brave, doux, voulant faire, mais sans aucun esprit (SAINT-SIMON 50, 86)

Façon de faire, manière de faire, façon, manière dont on agit, dont on se comporte.

J'ai hésité si je ne rapporterais pas cette espèce aux hirondelles de rivage, dont elle paraît avoir quelques façons de faire (BUFF. Ois. t. XII, p. 356, dans POUGENS)

Avoir du savoir-faire, voy.

SAVOIR-FAIRE

.

Ainsi fit-il, aussi fit-il, se dit par inversion, il fit ainsi.

Je lutte comme Jacob, mais il adora l'ange après avoir lutté, aussi fais-je (VOLT. Lett. d'Argental, 23 juillet 1744)

Faire, avec un adverbe ou une locution adverbiale, se comporter comme l'indiquent l'adverbe ou la locution.

Ayez soin que tous deux fassent en gens de coeur (CORN. Cid, IV, 5)

N'empêchez point de bien faire celui qui le peut ; faites bien vous-même, si vous pouvez (SACI Bible, Prov. de Salom. III, 7)

Çà, voyons un peu comme vous ferez (MOL. Pourc. III, 2)

J'avais mangé de l'ail et fis en homme sage De détourner un peu mon haleine de toi (MOL. Amph. II, 3)

C'est faire en honnêtes gens que de débuter par là (MOL. Préc. 5)

Et l'on a trouvé que S. M. ne pouvait mieux faire que de jeter les yeux sur un si bon sujet (SÉV. 407)

J'y ferai de mon mieux (SÉV. 556)

Quand le Seigneur vous l'aura mise entre les mains [une ville], vous passerez au fil de l'épée tout ce qu'elle aura de combattants, en épargnant les femmes, les enfants et les animaux ; vous ferez ainsi à toutes les villes éloignées (BOSSUET Polit. IX, V, 6)

Ceux qui font bien mériteraient d'être enviés, s'il n'y avait encore un meilleur parti à prendre, qui est de faire mieux (LA BRUY. IV)

Bien faire, signifie quelquefois agir à propos.

Pour bien faire, il faudrait que vous le prévinssiez (RAC. Andr. II, 1)

Bien faire, faire du bien.

Le plaisir de bien faire est un plaisir céleste (TRISTAN Mort de Chr. II, 6)

La miséricorde divine ne cesse jamais de bien faire aux hommes (BOSSUET Pénit. 1)

Dans plusieurs provinces on dit qu'une femme est en train de bien faire, pour exprimer qu'elle est enceinte.

Faire bien, se bien conduire.

La comtesse de Guiche [qui venait de perdre son mari] fait fort bien ; elle pleure quand on lui conte les honnêtetés et les excuses que son mari lui a faites en mourant (SÉV. 173)

Bien faire, mal faire, se comporter bien, mal dans un combat.

Voilà notre avant-garde à bien faire animée (MOL. Amph. I, 1)

Voyant que son régiment faisait mal (SÉV. 207)

M. le duc était lieutenant général de jour, et fit à la Condé c'est tout dire (RAC. Lett. à Boileau, 15 juin 1692)

Être prêt à bien faire, être tout disposé aux plaisirs de la table, de l'amour.

.... Étant donc la donzelle Prête à bien faire (LA FONT. Orais.)

Nous étions à table, plusieurs, joyeux, en devoir de bien faire (P. L. COUR. Pamphl. des pamphl.)

Faire bien, avoir du succès, réussir.

Quand il veut prendre la peine de parler, il fait très bien (SÉV. 183)

Le voilà dans le monde, il y fait fort bien (SÉV. 498)

Faire bien, faire mal, s'assortir, ne pas s'assortir, produire un bon, un mauvais effet. Le bleu et le jaune font bien l'un avec l'autre. Ce tableau ferait mieux ailleurs.

Ces deux adverbes joints font admirablement (MOL. F. sav. III, 2)

Il a laissé un petit bois sombre qui fait fort bien (SÉV. 202)

Faire bien ou mal à, en parlant des personnes, faire bon accueil.

Le roi fit fort bien à M. de Pomponne (SÉV. 408)

Il [le duc de Bourgogne] salua Mme de Maintenon qui lui fit fort bien (SAINT-SIMON 214, 136)

Faire bien à, en parlant des choses, être agréable, utile. Le déjeuner m'a bien fait, je me trouve bien d'avoir déjeuné.

Faire bien ou mal, ou tout autre adverbe ou locution adverbiale avec de, avoir raison, tort de.... Ne ferions-nous pas mieux d'accepter le parti ? (CORN. Sertor. IV, 3)

Et fit très sagement de changer de logis (LA FONT. Fabl. III, 8)

56. Faire à quelqu'un, lui causer une certaine impression.

Il est gai, il est content, il est favori de M. de Turenne ; comment vous fait ce nom ? (SÉV. 607)

Le roi était accoutumé au visage de Mme de Saint-Simon par les Marly et par la voir souvent à la suite de Mme la duchesse de Bourgogne, choses d'habitude qui lui faisaient infiniment (SAINT-SIMON 274, 202)

Rien ne lui fait, il est insensible aux avis, aux reproches, etc.

57. Faire des armes, s'exercer à l'escrime.

58. Faire, avoir une part dans le jeu, dans une affaire.

Il partagea le prix avec le prince de la Roche-sur-Yon, parce qu'ils avaient fait de moitié ; mais ce marché fut un peu désapprouvé (DANGEAU I, 131, 4 mars 1685)

59. Faire que, agir de manière que, avec l'indicatif quand la phrase est affirmative et à l'indicatif : Cela fait qu'on vient, cela fera qu'on viendra ; avec le subjonctif, quand on veut exprimer un souhait, un désir, un but qu'on se propose : Faites qu'on vienne.

Fais que jamais rien ne l'ennuie (MALH. II, 3)

Fais que je porte envie à ta vertu parfaite (CORN. Cinna, IV, 6)

Est-on d'une figure à faire qu'on se raille ? (MOL. Psyché, I, 1)

Et faisons qu'à ses fils il ne puisse dicter Que des conditions qu'ils voudront accepter (RAC. Mithr. I, 5)

Ses dernières comédies font qu'on s'étonne qu'il ait pu tomber de si haut (LA BRUY. I)

Tout cela fait qu'on vit et meurt plus tôt (RAYNAL Hist. phil. I, 8)

Fasse que ou fassent que, se dit par forme de souhait.

Fasse le juste ciel.... Que ces longs cris de joie étouffent vos soupirs (CORN. Pomp. v, 5)

60. Finir.

Nous n'aurions jamais fait, si nous voulions prendre à coeur les affaires du monde (BALZ. liv. II, lett. 1)

Leurs coiffures toujours sont pour moi des supplies ; Jamais elles [les femmes] n'ont fait, j'en suis au désespoir (TH. CORN. l'Inconnu, v, 4)

Je n'aurais jamais fait si je voulais vous en faire le détail (SÉV. 180)

Monsieur, peut-on entrer ? - Non, monsieur, ou je meure. - Hé ! pourquoi ? j'aurai fait en une petite heure (RAC. Plaid. II, 10)

On n'a jamais fait avec lui, c'est-à-dire il ne finit rien, il demande toujours.

Il a fait à moi, il a fait avec moi, nous avons rompu, nous ne sommes plus amis ; cette phrase a vieilli.

Et dès ce moment elle eût fait avec lui (HAMILT. Gramm. 4)

61. Faire de, avec ainsi, comme, etc. se comporter à l'égard de.

Tout homme bien sage Doit faire des habits ainsi que du langage (MOL. Éc. des mar. I, 1)

Je voudrais bien qu'on fît de la coquetterie Comme de la guipure et de la broderie (MOL. ib. II, 9)

62. Faire pour quelqu'un, le suppléer, tenir sa place, et aussi être son agent, son commissionnaire, sa caution.

63. Faire dans les draps, être négociant en draps.

Faire en meubles, se dit de toutes les fournitures nécessaires pour garnir les meubles : laines, crins, étoffes, etc. Marchand de literie et de faire en meubles.

64. Faire pour, travailler pour.

Tu ne fais que pour toi, s'il t'en faut récompense (CORN. Perthar. II, 5)

Et comme ils font pour eux, faisons aussi pour nous (CORN. Nicom. IV, 6)

Faire pour, faire contre, être favorable à, contraire à, avec un nom de personne pour sujet.

Il faut avec vigueur ranger les jeunes gens, Et nous faisons contre eux à leur être indulgents (MOL. Éc. des f. v, 7)

Est-ce donc faire pour le progrès d'une langue que de.... (LA BRUY. XIV)

Il y a une ville dans la Judée qui a toujours fait contre vous, elle s'appelle Nazareth (VOLT. Phil. v, 278)

Avec un nom de chose pour sujet.

C'est ce qui fait pour vous, et sur ces conséquences Votre amour doit fonder de grandes espérances (MOL. Éc. des m. I, 6)

65. Avoir une influence, un effet quelconque. L'argent fait plus auprès de lui qu'aucune recommandation

Faire à. importer à, contribuer à.

J'ai tâché d'expliquer celles [les expériences] qui faisaient le plus à mon sujet (DESC. Diopt. 2)

Même si cela fait à votre allégement, J'avouerai qu'à lui seul en est toute la faute (MOL. Dép. am. III, 4)

66. Dire, répliquer ; Il n'est d'usage que dans ces locutions familières d'ailleurs : Fait-il, fait-elle, fis-je, fit-il, fit-elle.

Monsieur, au nom de Dieu, lui fais-je assez souvent (MOL. l'Ét. I, 9)

Moi, j'ai blessé quelqu'un, fis-je tout étonnée (MOL. Éc. des f. II, 6)

67. Avoir fort à faire, avoir beaucoup d'efforts à faire pour venir à bout de quelque chose.

Elle [la cour] aurait fort à faire et ses soins seraient grands D'avoir à déterrer le mérite des gens (MOL. Mis. III, 7)

68. C'est à faire à.... de.... se dit de quelqu'un qu'on reconnaît pour très capable de faire une chose. C'est à faire à lui d'ordonner une fête.

Absolument.

Saint Paul, saint Augustin ont prêché, c'était à eux à faire (SÉV. 594)

Ironiquement. C'est à faire à.... il ne convient pas. C'est à faire à vous à parler ainsi.

C'est à faire à.... de.... il n'appartient qu'à.

Devant une telle beauté C'est à faire à des insensibles De conserver leur liberté (CORN. Ode sur un prompt retour)

C'est à faire aux insensés de compter sur une vie qui doit finir et qui peut finir à toute heure (ST-ÉVREM. Lett. à M. de Créquy.)

C'est à faire aux castors, dira l'Indien, de s'enfuir dans des tanières ; l'homme doit dormir à l'air dans un hamac suspendu à des arbres (J. J. ROUSS. Lett. à M. Philopolis.)

Absolument.

Raisonner sur les affaires, délibérer longtemps, chercher la raison, la vérité, la justice avec application, selon eux c'est à faire au vulgaire (SAINT-RÉAL Usage de l'hist. Disc. 1)

Fig. C'est à faire à du temps, le temps viendra à bout de.

Philiste assurément tient son esprit charmé ; Je n'aurais jamais cru qu'elle l'eût tant aimé. - Alcidon, c'est à faire à du temps (CORN. la Veuve, II, 6)

On dit aussi c'est à faire à.... à.... C'est à faire au vulgaire à sentir les fleurs, j'ai trouvé le moyen de les manger et de les boire (BALZ. Lett. II, 4)

C'est à faire à, avec un infinitif, signifie aussi quitte pour (sens qui vieillit).

Et s'il ose venir à quelque violence, C'est à faire à céder deux jours à l'insolence (CORN. Poly. v, 1)

Vous coucherez aussi avec moi, si vous voulez. - J'ai ordre de coucher chez ma tante ; mais n'importe, c'est à faire à être un peu grondée (BARON Coquette et fausse prude, IV, 10)

Qu'est-ce que de ne pas se produire par son beau côté ? c'est à faire à ne recevoir pas les louanges que l'on aurait remportées peut-être (BAYLE Projet d'un dict. critique, 1)

C'est à faire à, il ne reste plus qu'à, tout ce qui est à faire c'est de.... (sens qui vieillit).

Aujourd'hui l'on s'assemble, aujourd'hui l'on conspire, L'heure, le lieu, le bras se choisit aujourd'hui ; Et c'est à faire enfin à mourir après lui (CORN. Cinna, I, 2)

C'est à faire à périr pour le meilleur parti, Il ne m'en peut coûter qu'une mourante vie, Que l'âge et les chagrins m'auront bientôt ravie (CORN. Pulch. II, 2)

69. Ne faire que, suivi d'un infinitif, signifie incessamment. Il ne fait qu'étudier. Pendant son séjour à Bade, il ne fit que jouer.

Ne faire que croître et embellir, se dit d'une jeune fille qui chaque jour devient plus grande et plus belle.

Par extension, s'augmenter, devenir pire. Sa passion pour le vin ne fait que croître et embellir.

En un autre sens, ne faire que, équivaut à seulement. Je n'ai fait que le voir, c'est-à-dire je l'ai vu seulement.

Ces beaux lieux ne faisaient que lui rappeler le triste souvenir d'Ulysse (FÉN. Tél. I)

Les uns voient croître en paix, jusqu'à l'âge le plus reculé, le nombre de leurs années ; il en est qui ne font que se montrer à la terre (MASS. Pensées de la mort.)

J'ai été bien malade cet hiver ; j'ai cru mourir ; mais je n'ai fait que vieillir (VOLT. Lett. Mme de Fontaine, 13 mars 1752)

70. Ne faire que de, équivaut à tout à l'heure.

Un prince qui pour lors ne faisait que de naître (CORN. Oedipe, IV, 3)

Il ne fait que de sortir de ma chambre (SÉV. 70)

Noé ne faisait que de mourir (BOSSUET Hist. II, 2)

71. Faire sert à remplacer un verbe qu'il faudrait répéter, et prend alors la signification de ce verbe.

Et comme ils font du vrai, du faux ils m'épouvantent [ils m'épouvantent par le faux, comme ils m'épouvantent par le vrai] (RÉGNIER Élég. I)

Elle [Albe] m'estime autant que Rome vous a fait (CORN. Hor. II, 3)

L'exemple touche plus que ne fait la menace (CORN. Poly. III, 3)

[Les oisillons] Se mirent à jaser aussi confusément Que faisaient les Troyens quand la pauvre Cassandre Ouvrait la bouche seulement (LA FONT. Fabl. I, 8)

Ce baudet-ci m'occupe autant Que cent monarques pourraient faire (LA FONT. ib. VI, 11)

Je veux savoir vos pensées à fond et vous connaître un peu mieux que je ne fais (MOL. Festin, III, 1)

Ah ! que j'ai de dépit que la loi n'autorise à changer de mari comme on fait de chemise (MOL. Sgan. 5)

Puisque me voilà éveillé, il faut que j'éveille les autres, et que je les tourmente comme on m'a fait (MOL. Prol. de la Princ. d'Él. 2)

Il l'appelle son frère, et l'aime dans son âme, Cent fois plus qu'il ne fait mère, fils, fille et femme (MOL. Tart. I, 2)

Il fallait cacher la pénitence avec le même soin qu'on eût fait les crimes (BOSSUET R. d'Anglet.)

Vous m'enverrez la traduction, ainsi que vous avez fait la latine (BOSSUET Lett. quiét. 317)

Quand ils eurent résolu la mort de saint Paul, ils le livrèrent entre les mains des Romains comme ils avaient fait Jésus-Christ (BOSSUET Hist. II, 70)

Les étrangers le connaissaient mieux que ne faisait une partie d'entre nous (FONTEN. Littre.)

Charles voulait braver les saisons comme il faisait ses ennemis (VOLT. Charles XII, liv. IV)

Au milieu de ces troubles on parla de paix comme on fait toujours (VOLT. Russie, I, 16)

Il ne faut pas confondre cet emploi du verbe faire avec les cas où faire, gardant sa signification propre, gouverne le pronom le qui représente un verbe précédent. Je voulais partir ; mais je n'ai pu le faire.

Je lui prête mon bras, et veux dès maintenant, S'il daigne s'en servir, être son lieutenant ; L'exemple des Romains m'autorise à le faire (CORN. Nicom. II, 3)

72. Impersonnellement, faire sert à marquer l'état de l'atmosphère. Il fait jour. Il fait froid. Quelle chaleur il a fait tout le jour ! Les chaleurs qu'il a fait l'année dernière. Il a fait du vent. Il a fait un grand coup de vent. Il va faire de l'orage. Il a fait hier de la pluie. Il faisait doux quand nous sommes sortis. Il fait sec aujourd'hui.

Selon le temps qu'il fait l'homme doit naviguer (RÉGNIER Sat. VI)

M. le prince n'avait pas eu lieu de s'imaginer qu'il pût trouver le roi au retour du bain, par un temps aussi froid qu'il faisait (RETZ III, 347)

Allez doucement, il fait glacé, vous vous rompriez les jambes (VOLT. Moeurs, 128)

La locution il fait chaud s'explique par il, sujet indéterminé, annonçant le vrai sujet qui est placé plus loin par inversion ; il, c'est-à-dire le chaud, fait, c'est-à-dire règne. C'est pour cela que l'on dit : quelle chaleur il a fait, et non faite.

Par extension, se dit des diverses conditions des choses. Il fait cher vivre à Paris.

Qu'il fera dangereux rencontrer sa colère ! (CORN. Suite du Ment. III, 2)

Il doit faire mal sûr recevoir vos serments (TH. CORN. le Galant doublé, v, 2)

Il ne fait pas bien sûr, à vous le trancher net, D'épouser une fille en dépit qu'elle en ait (MOL. Femm. sav. V, 1)

Il fait meilleur chez nous (LA FONT. Fabl. IV, 13)

La peste ! il y ferait bon, méfiant comme vous êtes (BEAUMARCH. Barbier, III, 7)

Ironiquement. Il fait beau, il ferait beau, c'est-à-dire c'est, ce serait une chose ridicule.

Il nous ferait beau voir attachés face à face à pousser de beaux sentiments (MOL. Amph. I, 4)

73. Se faire, v. réfl. Se constituer en un certain état. Se faire avocat. Elle s'est faite religieuse.

Mais je me fis toujours maître de ma fortune (CORN. Oedipe, v, 4)

De nos jours, un imposteur s'est dit le Christ en Orient ; tous les Juifs commençaient à s'attrouper autour de lui ; ils s'imaginaient déjà qu'ils allaient devenir les maîtres du monde, quand ils apprirent que leur Christ s'était fait Turc (BOSSUET Hist. II, 9)

Jésus-Christ, tout saint qu'il était, n'a pas voulu entreprendre de se faire grand (BOURDAL. 10e dim. après la Pentec. Dominic. t. III, p. 208)

Qui sait que son Dieu l'a sauvé en se faisant petit, et qui prétend se sauver en se faisant grand (BOURDAL. ib. p. 209)

Puisque Votre Majesté, qui s'est faite homme, continue toujours à m'honorer de ses lettres, j'ose la supplier de me dire comment elle partage sa journée (VOLT. Lett. roi de Prusse, 18 juin 1740)

Se faire belle, se dit d'une femme qui se pare.

Se faire de fête, s'inviter soi-même.

Il s'offre, il se fait de fête, il faut l'admettre (LA BRUY. IX.)

74. Se produire réciproquement.

Quand on a commencé à prendre ce train [une éducation vigoureuse et toute dévouée à la patrie], les grands hommes se font les uns les autres (BOSSUET Hist. III, 6)

75. Se faire, être son propre instituteur, son propre maître.

Son talent n'est pas ordinaire pour une femme, et pour une femme qui s'est faite toute seule (DIDEROT Salon de 1769, Oeuv. t. XV, p. 35, dans POUGENS)

76. Se développer, en parlant des personnes. C'est un jeune homme qui se fera.

La fille crût, se fit ; on pouvait déjà voir Hausser et baisser son mouchoir (LA FONT. Coupe.)

Mlle de Marcay se fait et danse des mieux (MAINTENON Lett. à d'Aubigné, 25 juin 1684)

Se bonifier, en parlant des choses. Ce vin, ce fromage s'est fait.

77. Se faire à, s'accoutumer, s'habituer.

Et doutant s'ils voudront se faire à l'esclavage (CORN. Sertor. III, 2)

Qui sait faire sa cour se fait aux moeurs des princes (CORN. Othon, III, 3)

Eh bien tant pis ! je fronde Ce mariage avec cet homme-là ; Mais, s'il est fait, le public s'y fera (VOLT. Prude, III, 6)

Il [le cheval] voit le péril et l'affronte ; il se fait au bruit des armes, il le cherche et s'anime de la même ardeur (BUFF. Quadrup. t. I, p. 9, dans POUGENS)

Il se dit aussi des yeux, de l'imagination, etc.

Rien ne nous surprendra de voir la même chose Où nos yeux se sont faits quinze ans sous Théodose (CORN. Pulchér. II, 2)

L'imagination se fait à cette grande peine [un supplice] (MONTESQ. Espr. VI, 11)

S'abaisser, condescendre.

Passe encor de le voir [Jupiter], de ce sublime étage Dans celui des hommes venir, Prendre tous les transports que leur coeur peut fournir, Et se faire à leur badinage (MOL. Amph. Prol.)

78. Se faire, suivi d'un adjectif, devenir. Ces arbres commencent à se faire beaux. Nous nous faisons vieux sans nous en apercevoir.

79. Se faire, suivi d'un infinitif, rend le verbe causatif en même temps que réfléchi (bien entendu, dans ces constructions le participe fait est toujours invariable : Elle s'est fait connaître, ils se sont fait connaître).

Faites-vous contenter par ce couple céleste (LA FONT. Fabl. I, 14)

Si le mari ne se fût fait connaître, Elle en allait enfiler beaucoup plus (LA FONT. Mari conf.)

La douceur de sa voix a voulu se faire paraître dans un air tout charmant qu'elle a daigné chanter (MOL. Princ. d'Él. III, 2)

L'histoire, de quelque manière qu'elle soit écrite, a le privilége de se faire lire (D'OLIVET Hist. Acad. t. II, p. 2)

La marte ne s'approche jamais des maisons, et elle diffère encore de la fouine par la manière dont elle se fait chasser (BUFF. Quadrup. t. II, p. 243, dans POUGENS)

Une effrayante voix s'est fait alors entendre (VOLT. Oedipe, I, 3)

80. Familièrement. Se laisser faire, ne pas se défendre, ne pas opposer de résistance. Cette jeune fille s'est laissé marier à un homme qui ne lui convenait pas. Nous laisserons-nous faire ainsi ?

81. Se faire, être fait.

La mauvaise subtilité est moins dangereuse quand on raconte des choses faites que quand on délibère des choses à faire ; ici, pour ne rien dire de pis, elle est cause que les choses ne se font point (BALZ. De la cour, 3e disc.)

Notre connaissance s'est faite à l'armée (MOL. Précieuses, 12)

Et vos noces se feront dès ce soir ? (MOL. Mar. f. 12)

On veut que tout se fasse par moi ; et cela n'est point (MAINTENON Lett. à Dangeau, t. VII, p. 76, dans POUGENS)

Leurs habits, leurs tentes, leurs cordages, leurs tapis, tout se fait avec la laine de leurs brebis, le poil de leurs chameaux et de leurs chèvres (BUFF. Suppl. à l'hist. nat. Oeuv. t. XI, p. 265, dans POUGENS)

La nuit se fait, la nuit commence. Arriver à l'heure où la nuit se fait.

Terme de marine. Le jusant se fait, il prend de la force. La brise se fait, elle devient plus vive. Le vent s'est fait depuis le lever du soleil, il s'est levé ou il a pris de la consistance depuis le lever du soleil.

82. Impersonnellement. Être, arriver. Comment se fait-il que vous ne soyez pas venu ? Il s'est fait des fentes dans cette muraille. Il se fit un grand silence. Il s'est fait des choses qu'on ne sait pas.

Quoi ! se pourrait-il faire Qu'à l'oeuvre de ses mains Rome devînt contraire ? (CORN. Nicom. IV, 5)

Il est visible qu'en tuant le monde de cette sorte il se ferait un trop grand nombre de meurtres (PASC. Prov. 7)

Ce qui paraît le plus certain c'est qu'il se faisait des assemblées secrètes dans sa maison du Capitole (VERTOT Révol. rom. VII, p. 224)

82. On dit de même il se fait tard, il se fait nuit, le jour commence à manquer, la nuit commence à venir.

PROVERBES

Ce qui est fait n'est pas à faire, c'est-à-dire quand on peut faire une chose, il ne faut pas la différer.

Il a fait comme Robin fit à la danse, du mieux qu'il put.

Il est comme le bonnetier, il n'en fait qu'à sa tête, c'est-à-dire il suit toujours sa volonté, sa fantaisie (on joue ici sur ce que le bonnetier fait des bonnets à sa tête).

L'occasion fait le larron, c'est-à-dire l'occasion fait qu'on cède à des tentations auxquelles autrement on n'aurait pas cédé.

On ne saurait faire d'une buse un épervier, on ne peut transformer un sot en habile homme.

Les riches font leur paradis en ce monde.

Comme il te fera, fais-lui, c'est-à-dire rends-lui la pareille.

C'est à moi à faire, et à vous à vous taire.

Laissons-les dire pourvu qu'ils nous laissent faire.

Faire et dire sont deux, c'est-à-dire il y a loin entre la parole et l'effet.

Qui bien fera bien trouvera.

On ne peut faire qu'en faisant, c'est-à-dire ce n'est qu'en pratiquant les choses qu'on y devient habile.

Qui a fait l'une a fait l'autre, se dit de deux personnes, de deux choses qui se ressemblent extrêmement.

Qui fait un pot fait bien un poêle, c'est-à-dire qui peut le plus peut le moins.

Faire de cent sols quatre livres et de quatre livres rien, se dit d'un prodigue qui mange son avoir.

Maison faite et femme à faire, c'est-à-dire il faut acheter une maison toute construite et épouser une femme jeune dont on puisse former le caractère.

Quand les mots sont dits, l'eau bénite est faite, c'est-à-dire il faut convenir de toutes les clauses d'un marché avant que de le conclure.

Paris ne s'est pas fait en un jour, ou tout en un jour, c'est-à-dire il faut donner du temps pour faire les grandes affaires.

Qui se fait brebis, le loup le mange, c'est-à-dire il ne faut pas être trop débonnaire.

Le bon oiseau se fait de lui-même, c'est-à-dire un esprit intelligent s'instruit, se développe par lui-même.

Fais ce que dois, advienne que pourra.

Tout se fait avec le temps, c'est-à-dire avec de la patience on vient à bout des choses.

REMARQUE

1. Quand faire est suivi d'un infinitif, ce verbe doit être précédé des pronoms lui, leur, et non des pronoms le, la, les, lorsque l'infinitif a un régime direct : On lui fit obtenir un emploi ; on lui fit faire cette démarche ; et il veut avant lui les pronoms le, la, les, toutes les fois que le verbe qui est à l'infinitif n'a point après lui de régime direct : On le fit renoncer à ses prétentions ; on le fit consentir à cette demande.

2. C'est la règle.Pourtant Corneille a dit : Sors de mon coeur, nature, ou fais qu'ils [mes fils] m'obéissent ; Fais-les servir ma haine ou consens qu'ils périssent (VERTOT Rodog. IV, 7) La règle voudrait : fais-leur servir.... Cette construction est un archaïsme, et pourrait s'employer en vers ou dans le style élevé. Il ne faut pas confondre ces cas avec ceux où le pronom est régime direct du verbe à l'infinitif : Je l'ai fait nommer, c'est-à-dire j'ai fait nommer cet homme.

3. Quand, au lieu d'un pronom placé avant, il y a un substantif placé après, là où l'on met lui, leur, on met à ; et là où l'on met le, la, les, on ne met point à : Je ferai faire la démarche à cet homme ; je ferai renoncer cet homme à ses prétentions. Dans le premier cas, homme est régime indirect de faire faire ; dans le second, régime direct de faire renoncer.

4. Je le fais parler, c'est-à-dire je fais qu'il parle, ou je lui attribue des paroles. Je lui fais parler, c'est-à-dire je fais qu'on lui parle. Je le fais répondre, c'est-à-dire je fais qu'il réponde, ou je lui attribue une réponse. Je lui fais répondre, je fais qu'on lui réponde. Je fais faire un habit à mon fils, je commande qu'on lui fasse un habit. Je fais faire un habit par mon tailleur, je charge mon tailleur de faire un habit.

5. Dans cet emploi, quand c'est un nom, non un pronom, on met toujours à : Homère fait dire à Ulysse.... il met dans la bouche d'Ulysse.... mais le sens doit être déterminé d'ailleurs ; car cela peut signifier : il recommande qu'on dise à Ulysse....

6. Il faut bien prendre garde à la clarté ; car des amphibologies naissent facilement. Fais-lui tenir parole, peut signifier également fais qu'il tienne parole, ou fais qu'on lui tienne parole. Faites-lui faire un lit, peut signifier également ayez soin qu'on lui fasse un lit, et chargez-le de faire un lit. Dans ce vers de Racine : Veille auprès de Pyrrhus, fais-lui garder sa foi, Andr. IV, 5 ; sa foi détermine le sens, c'est-à-dire fais qu'il garde sa foi ; mais, s'il y avait la foi, le sens serait douteux.

7. Avec le pronom relatif, l'amphibologie est la même. L'homme à qui j'ai fait garder la terre, peut signifier l'homme par qui j'ai fait garder la terre, et l'homme pour qui j'ai fait garder. Il faut donc veiller attentivement au sens.

8. Il faut distinguer lui faire apprendre et le faire apprendre. On dit : lui faire apprendre, lorsque apprendre a un régime direct : Je lui fais apprendre le latin. On dit le faire apprendre, lorsque apprendre n'a pas de régime direct, comme dans ces vers de la Fontaine : Mes parents, reprit-il, ne m'ont point fait instruire ; Ils sont pauvres et n'ont qu'un trou pour tout avoir ; Ceux du loup, gros messieurs, l'ont fait apprendre à lire, Fabl. XII, 17.

9. À l'impératif, les pronoms se placent entre faire et le verbe. Faites-le bien garder. Faites-vous aimer.

10. On trouve dans la Rose (voy. l'historique) : L'avaient moult fete jaunir. Ici le participe est accordé ; mais ce n'est point un archaïsme, c'est une faute.

11. Employé de la sorte, faire n'a point de passif. On ne dit pas : il fut fait peindre. Il y a déjà longtemps que l'Académie a condamné il fut fait mourir : La plupart n'ont pas été contents de il fut fait mourir ; ils veulent qu'on dise : on le fit mourir, ou on le fit exécuter, Observ. sur Vaugelas, p. 275, dans POUGENS.

12. Il y a divergence sur la manière d'interpréter le rôle syntactique des pronoms lui, leur et le, la, les avec faire suivi d'un infinitif. Faut-il analyser : Je lui fais faire une démarche, par : je fais à lui ceci, faire une démarche, ou par : je fais faire une démarche par lui ? Faut-il analyser : Je le fais rire, par : je fais le, lui rire, ou par : je fais rire le, lui ? L'ancien usage (Xe s. La faire diavle servir), et l'anglais, qui sans doute provient de cet ancien usage français (he made him laugh, il le fit rire), montrent que c'est la première analyse qui est la bonne. L'emploi du régime indirect des pronoms au cas particulier cité dans la remarque première est une exception à la règle ancienne.

13. Les écrivains ont hésité entre avoir affaire à, et avoir à faire à.Les Suédois crurent avoir à faire à 40 000 combattants (VOLT. Russie, I, 17) Aujourd'hui, dans ce sens, on ne se sert que de avoir affaire.

14. L'ellipse du verbe faire veut qu'un participe qui suit reste invariable. Il m'a fait toutes les avanies qu'il a voulu. Il m'a fait tous les maux qu'il a pu.

HISTORIQUE

IXe s.In o quid [pourvu que] il mi altresi fazet [me fasse semblablement] (Serment)

Xe s.[Ils] voldrent [voulurent] la faire diavle servir (Eulalie)Fisient [ils faisaient] (Fragm. de Valenciennes, p. 467)Ne fait (ib.)U ne fereiet [ou ne ferait] (ib. p. 468)Quant [un lierre] umbre li fesist (ib.)E sis [si les] penteiet [repentait] de cel mel [mal] que fait habebant (ib.)Chi [ceux qui] sil [si le] fennt [font] cum faire lo deent, et cum cil lo fisient dont ore aveist odit [avez ouï] (ib.)faciest [que vous fassiez] cest [lisez ceste] predictam penitentiam (ib.)Faites vost almosnes (ib.)

XIe s.[Ils] doinent lur terme de lur adaisement ; Quant vint al fare, dunc le funt gentement (St Alexis, X)De quel forfait que home out fait en cel tens (Lois de Guill. 1)Cinquante chars qu'en [on] ferat charier (Chans. de Rol. III)Li emperere se fait et baud et liez (ib. VIII)Enz en vos bains que pour vous Deus i [à Aix-la-Chapelle] fist (ib. x)Faites la guerre com vous l'avez emprise (ib. XIV)Pecchet fereit qui donc lui fesist plus (ib. XVI)Qui toute gent velt [veut] faire recreant (ib. XXIX)Vostre message [nous] fesismes à Charlon (ib. XXXI)Livrez le mei, j'en ferai la justice (ib. XXXVII)Miex en vaut l'orl [le bord] que ne font cinq cenz livres (ib. XXXVIII)Qui porreit faire que Rolansy fust morz (ib. XLIV)Et vingt hostages ; faites les bien garder (ib. LIII)Mout [il] se fait fier de ses armes porter (ib. LXX)Respont rolanz : Jà fereie que folz (ib. LXXXI)Li reis Marsile de nous a fait marché (ib. LXXXVIII)Cil qui là sont ne font mie à blasmer (ib. XC)Ce dist Rolanz : compains, que faites vous ? (ib. CIV)Quant jel vous dis, [vous] n'en feïstes nient (ib. CXVII)Mieux vaut mesure que ne fait estoutie [folie] (ib.)Dist l'archevesque : assez le faites bien [le bien faire, c'est se bien comporter, ici il s'agit de combat] (ib. CXXXIX)Li reis creit Deu, faire velt son service (ib. CCLXVIII)Dist l'un à l'aultre : bien fait à remaneir [il est bon de rester] (ib. CCLXXVII)Deus face hui entre nous deus le dreit (ib. CCLXXXV)

XIIe s.Maintes feiz as od mei jeü ; Unkes jamès ceo ne me fis (Roman de Rou, v. 5789)Si fait conseil [un tel conseil] donner (Ronc. p. 19)Faites le lire [un bref] (ib. p. 24)Qui mieux fera, assez dire l'orez [ouïrez] (ib. p. 41)Dist Berengers : mes armes m'aportez ; Et on si fait par vives poestez (ib. p. 53)Escu ne broigne [cuirasse] ne lui fist garison [défense] (ib. p. 74)Bataille aurons, font-il [disent-ils], car esgardez (ib. p. 96)Sont li lit fait où nous devons coucher (ib. p. 98)Que fait [comment se porte] mes sires ? est-il sains et haitiés ? (ib. p. 159)[Ils m'ont laissé] Si com la beste fait [laisse] au bois son faon (ib. p. 170)Miex [je] veil morir que [je] fasse tel vilté (ib. p. 35)Car ensi doit-on faire de traïtor felon (ib. p. 200)Nouvele amor où j'ai mis mon penser Me fait chanter de la plus debonaire (Couci, II)Et mes chansons [je] fais por vous solement (ib. VII)Que jà à moi [vous] ne fetes beau semblant (ib. x)Tant [je] fas pour lui [pour elle] greveuse penitance (ib. XI)Tant com lui plaist [elle] me peut fere languir (ib.)Mais ma dame est de si très grant vaillance [prix], Que son ami ne doit fere faillance (ib. XXIV)Et maugré tout mon lignage [je] Ne quier ochoison trouver ; D'autre face mariage ; Folz est qui j'en oi [ouis] parler (Dame de Faiel, dans Couci)Et au pauvre [la dame] se fait et chiche et morne (QUESNES Romancero, p. 86)Et je puis bien faire voire ventance, Que je fais plus pour Dieu que nuls amans (ib. p. 95)Onques en leur jouvente [ils] ne firent se mal non (Sax. III)Le nez moult tres bien fait, les denz menuz et blanz (ib. v)De Jofroi de Paris [ils] firent leur justicier (ib. IV)Ce fu à Pentecoste, que il fet bel et cler (ib. XIII)Se l'offrande fu riche, ne fait à demander (ib.)Sire, ce dist dus Naimes, faites faire errament [promptement] Vos chartres et vos briés [brefs] à clerz bien escrivans (ib. XXI)Idunkes fu ocis e al coeu [cuisinier] fu livrez ; Li keus manja le cuer ; quant li fu demandez, Fist al seigneur acreire que sans cuer il fust nez (Th. le mart. 31)cil qui ad malvaispere, malvaise est s'eritez [son héritage] ; Cil qui ad fieble chef, souvent est flaelez [flagellé] ; Quand li filz fait le pere, li ordres est muez (ib. 128)Fist li poples à Saül : comment si murrad Jonathas ! (Rois, p. 51)

XIIIe s.Nous en parlerons moult volentiers, et le vus ferons asavoir d'ici en huit jors (VILLEH. XIII)Et distrent que si faite gent ne devoient avoir droit en terre tenir (VILLEH. CXV)Et nous n'avons mie mestier de perdre nos homes, quar trop en avons petit à ce que nos en avons à faire (VILLEH. LXII)Sire, que volés-vos que nos faciemes ? (VILLEH. CXLVI)Là le fist mout bien Mahius de Valaincourt, car il perdi son cheval, droit à la porte devers Blaquerne (VILLEH. LXXVI)Puis en fut la pais si et faite et establie (Berte, II)Des journées [marches] qu'il firent, trop ne vous conterai (ib. VII)Or vous faites aimer [de] gent letrée et gent laie (ib. VIII)À nostre gent françoise [il] fit maint riche present (ib. IX)Menestrel s'apareillent pour faire lor mestier (ib. XI)À une fenestrele qui ert [était] faite de pierre (ib. XII)Tant [nous] avons fait pour vous [que] nuls nel porroit descrire (ib. XIV)Li rois fist de la serve toute sa volonté [jouit d'elle] (ib. XV)[Elle] Mout faisoit la dolente et mout sembloit irée (ib. XVI)Cil jour [il] fit mout lait temps et de froide maniere (ib. XX)Se tu lui fais nul mal, par l'apostre saint Pierre.... (ib. XX)Quant pour faire tel meurtre [nous] venimes ceste part [ici] (ib. XXII)Jusqu'à tant que noir fist [qu'il fît noir], [elle] ne s'osa redresser (ib. XXXVIII)[Elle] Cuida que il fust jour, pour ce qu'il faisoit clair (ib. XLIII)Car me monstrez la voie, si aurez fait aumosne (ib. XLVI)Et symons fait le feu, n'ot pas le cuer vilain (ib. XLIX)L'amour [l'amitié] que m'avez faite vous soit de Dieu rendue (ib. LII)Constance, dist Symons, faites lui faire un lit (Berte, LIII)À tous se fit amer [aimer] Berte, tant [je] vous en di (ib. LIX)Onc puisqu'ele [elles] lor dame voudrent [voulurent] faire mourir (ib. LXIII)Bon se feroit garder [il ferait bon se garder], qui pourroit, de mesfaire (ib. LXIX)[Ma fille] Se fait ainsi haïr [de] gent voisine et lointaine (ib. LXXIV)C'est que ma fille face la malade tous dis (ib. LXXV)Mere, ce dist la serve, vostre conseil [nous] ferons (ib. LXXVII)Je tant feroie à vous [je vous solliciterais tant].... Que d'un de vos enfants [je] lui feroie present (ib. LXXXIII)Dame, que fait mes peres, que Diex puist benéïr ? - Fille, il le faisoit bien quant de lui [je] dus partir (ib. LXXXVII)Tais-toi, vieille, fait-ele, [je] n'en ferai rien pour ti [toi] (ib. LXXXIX)Que ce seroit bien fait que la vieille en arsist [on brûlât] (ib. XCI)Dit [il] lui a qu'au retour riche homme [il] le fera (ib. CXXII)Blanchefleurs s'est dressée, aussi fit li rois Flores (ib. CXXVIII)Bien est drois [que] nous fassions toutes vos volentés (ib. CXXXII)Por ce, [il] fait bon bien faire, chascuns en doit penser Qu'en la fin pert [paraît] le bien... (ib. CXXXIX)Quar il estoit sor toute rien Et frans et dous et debonere ; Quanques chascuns en vousist fere, En peüst fere entor ostel [à la maison, dans la paix] ; Mais aus armes [à la guerre].... (Lai de l'Ombre)Il le [l'anneau] vous convient à reprendre. -Non fetsi fet, là n'a que dire (ib.)Perroz qui son engin et s'art Mist en vers fere de Renart Et d'Ysengrin son chier compere (Ren. 9650)Par une broce en un pendant, Maugré trestoz mes anemis, Fis-je tant que el bois me mis (ib. 8726)Mais Renart n'en fait que sourire, Que moult a entre faire et dire (ib. 832)[Bien est fou] Qui cuide que tel femme l'aime, Por ce que son ami le claime, Et qu'el lui rit et li fait feste (la Rose, 4587)Car si cum il m'iert lors avis, Ne feïst en nul paradis Si bon estre, cum il faisoit Ou [au] vergier qui tant me plaisoit (ib. 644)Sans faille ainsinc est-il des hommes, Se nous, por plus biaus estre, fomes [faisons] Les chapelés et les cointises Sor les biautés que Diex a mises En nous... (ib. 9102)Si n'i feïst riens avarice Ne de paleur, ne de megrece, Car li soucis et la destrece, Et la pesance et les ennuis Qu'el soffroit de jors et de nuis, L'avoient moult fete jaunir, Et megre et pale devenir (ib. 296)Car d'une source vient si haute L'eve, qu'el ne puet faire faute (ib. 20690)Et li escommeniement font à douter [sont redoutables], comment qu'il soient geté, soit à tort soit à droit (BEAUMANOIR 58)Et en ce fesant, pourra estre li contens [querelle] de la vile apaisiés (BEAUMANOIR L, 10)....Et li sires est tenus au fere (BEAUMANOIR XII, 12)Je vos requier que vos en faciés, comme de murdrier [meurtrier] (BEAUMANOIR LXI, 3)Tix [tels] dons ne tix promesses ne font pas à tenir (ID. VI, 24)Qui se veut aidier des resons qui ne font fors que le plet delaier, il les doit dire avant que celes qui poent fere la querele perir (BEAUMANOIR VII, 5)Et li fera entendant que ele li fera avoir par force de paroles ou par herbes ou par autres fais qui sont malvais et vilain à ramentevoir (BEAUMANOIR XI, 26)La quinte maniere de quemins [chemins] qui furent fet, ce furent li cemin que Julien Cesar fit fere (BEAUMANOIR XXV, 2)Assez pueent [peuvent] chanter et lire ; Mais mult a entre fere et dire ; C'est la nature (RUTEB. 79)Chascuns [chanoine] a son hostel, son leu et sa mainie, Et s'en i a de tex qui ont grant seignorie, Qui poi font [font peu] pour amis et assés pour amie (RUTEB. 239)Et le siecles est ores tel que moult y a de ciaus [ceux] qui feroient volentiers coment il fussent riches, tot fust ce à tort (Ass. de Jér. I, 248)Sire, je croi que vous feriés bien se vous demouriez à ce poncel garder (JOINV. 227)Je leur fiz tailler cotes et hargaus [surcots] de vert, et les menai devant le roy (JOINV. 261)Et pour ce ne font force [difficulté] li Assacis d'eulz faire tuer, quant leur seigneur leur commande (JOINV. 260)Je leur fis dire à [par] mon sarrazin, que il me sembloit que ce n'estoit pas bien fait (JOINV. 241)

XIVe s.Quant un homme nuist et fait peine hors la loy à aucun qui ne li contrarioit pas ou nuisoit.... il fait injuste (ORESME Eth. 167)Plus que faire n'avons de ce liepart felon ; Voist [qu'il aille] faire ailleurs son ni, plus de lui ne voulons (Guesclin. 21192)Ce qui est fait est fait, il ne peut autrement, Tous nous convient mourir ; si ne savons comment ; Pour ce fait-il bon vivre en estant durement (ib. 22581)Si fu dit, il fu fait assez hastivement (ib. 16840)Nos termes ne font mencion De la beauté qui est es chiens Ou es oiseaulx ; ce n'y fait rien (Modus, f° CX)L'on li disoit : " Vilains, et que fais-tu cest fais [combien vends-tu ce faix] ? " Par le ciel Dieu cinq sols et sept deniers le fais [je le fais] (Girart de Ross. v. 2241)XVe s.Il fait bon ouvrer par engin, quant on ne peut avant aller par force (FROISS. I, I, 151)Et dirent l'un à l'autre : Allons nous armer, nous chevaucherons tantost devant Bergerac.... Il n'y eut plus fait ni plus dit ; tous furent armés, et les chevaux ensellés et tous montés (FROISS. I, I, 217)Il fit le roi d'Angleterre escrire au saint pere (FROISS. I, I, 11)Ce vous fais-je ferme et vrai [ces renseignements sont certains], car je me embattis si près d'eux que je fus pris et mené en leur ost.... (FROISS. I, I, 40)Mais petit y faisoient, car l'ost des Anglois estoit si suffisamment gardé que les Escoçois n'y pouvoient entrer.... (FROISS. I, I, 58)Celui [Artevelle] estoit entré en si grand fortune et en si grand grace à tous les Flamands que c'estoit tout fait et bien fait quant qu'il vouloit deviser et commander par tout Flandre, de l'un des costés jusques à l'autre (FROISS. I, I, 65).... Madame Philippe de Hainaut, roine d'angleterre, qui liement et doucement le reçut [mon livre] de moi et m'en fit grand profit (FROISS. Prol.)Robert Bruce, roi d'Escosse, qui avoit tant et si souvent donné à faire au bon roi Edouard dessus dit, qu'on tenoit pour moult preux, reconquit toute Escosse (FROISS. I, I, 2)Monseigneur, je suis jeune et encore à faire ; si crois que Dieu m'ait pourvu de cette emprise pour mon avancement (FROISS. I, I, 17)Et à ce temps là ils [les Escots] aimoient et prisoient assez peu les Anglois, et encore font ils à present (FROISS. I, I, 34)Et s'allierent par certaines convenances, que, si l'un des trois pays avoit à faire contre qui que ce fust, les deux autres le devoient aider (FROISS. I, I, 125)Et rien n'y avoient fait, combien qu'ils y eussent grands frais mis et dependus (FROISS. I, I, 145)En ce temps là que le duc de Bourgogne fit son armée en Picardie (FROISS. II, II, 1)Sur le chemin que nous fesismes ensemble (FROISS. II, III, 12)À quoi faire montrent ils maintenant leurs estats ? (FROISS. II, II, 205)Mais, seigneur, nous vous disons bien que, au faire le serment, toujours en nos coeurs nous avons reservé nos fois devers notre naturel seigneur le roi d'Angleterre (FROISS. II, II, 8)Ceux qui ens es villages estoient, sonnoient les cloches à herle [à volée], et montroient bien que le pays avoit à faire [était en danger] (FROISS. II, II, 184)Il s'acointa d'un riche homme de Montpellier lequel avoit aussi à faire à Paris pour ses besognes (FROISS. II, III, 7)Et s'il eust fait un temps pluvieux, ceux de l'ost eussent eu fort à faire (FROISS. II, II, 232)Et vit bien le chevalier anglois que il n'avoit que faire de plus avant entrer en Flandre (FROISS. II, II, 203)Et y firent d'armes ce qu'ils purent, et se combattirent moult vaillamment ; mais ils ne pouvoient pas tout faire [le sire d'Enghien et sa suite tombés dans l'embûche des Gantois] (FROISS. II, II, 123)On leur [aux Anglois] donnoit tant à faire, que on ne savoit auquel lez [côté] entendre (FROISS. II, II, 215)Vous ferez tant que vous me perdrez (FROISS. II, III, 22)Il fait tout de sa teste, car il est naturellement sage (FROISS. II, III, 61)Si se passa le dimanche ainsi tout le jour sans rien faire (FROISS. II, II, 215)Ils mirent la greigneur partie de leurs gens d'armes et archers à l'endroit [de la ville assiégée] où il faisoit le plus foible (FROISS. I, I, 302)Ha ! dit le comte, c'est fait ! n'aura jamais paix en Flandre tant que Jean Lyon vive (FROISS. II, II, 56)Et [le roi d'Angleterre] eut de la main ce jour le plus à faire à messire Eustache de Ribeumont, et fut le roi abattu à genoux par deux fois, du dessus dit messire Eustache de Ribeumont (FROISS. I, I, 328)Messire Pierre de Craon qui se veoit en ce danger et avoit à faire à forte partie (FROISS. III, IV, 6)Ceux qui sont plus tenus de servir se font plus chier achapter (AL. CHARTIER Quadriloge invectif.)Chascun dit bien : oblie, oblie ; Mais il ne le fait pas qui veult (AL. CHARTIER Le débat d'un reveille matin.)Qui sires est vueille ci garde prendre ; Pour ce furent les rois et princes fais (E. DESCH. Gouvernement des rois.)Faictes de lui ainsi que vous vouldrez ; Content me tiens de ce que vous ferez (CH. D'ORL. 1)Mais [les Parisiens] feirent diligence de luy [au duc de Bourgogne] resister en toutes manieres, et s'en alla honteusement sans rien faire (JUVÉNAL DES URSINS Charles VI, 1413)....Et ils achetoient iceux vivres ce que on leur faisoit [mettait à prix], par especial pain et vin (JEAN DE TROYES Chron. 1465)Car [ils] n'avoient mie à faire à enfant (Boucic. III, 2)J'aime mieux, dit-il [Anaxagoras], que je me soye fait [cultivé] que si j'eusse fait mes possessions (JEAN DE TROYES IV, 6)Mais ils en firent comme hommes et non point comme anges [en distribuant après la bataille les récompenses et les punitions un peu à l'aventure] (COMM. I, 4)Ou le bailleroient à son compaignon [le connestable prisonnier] pour en faire à son plaisir (COMM. III, 11)Quelquefois peu d'argent falt grant service (COMM. VII, 5)Voyant la ligue si approchée, ne voulut plus faire de l'ignorant (COMM. VII, 15)Pourroit sembler aux lecteurs que je disse toutes ces choses pour.... mais par ma foy, non fay ; ains le dy seulement pour.... (COMM. VII, 11)Or voyant le roy que là ne povoit si tost avoir fait, se delibera de se venir mettre dedans Paris (COMM. I, 2)Et y faisoit très beau veoir son ost pour ceulx qui estoient encore derriere (COMM. I, 6)Il [Louis XI] congnoissoit toutes gens d'autorité et de valleur qui estoient en Angleterre, en Espaigne.... comme il faisoit ses subjectz (COMM. I, 10)Et a toujours bien semblé aux Normans et fait encores que.... (COMM. I, 13)Et après qu'il eust esté ung an en prison ou plus, il fist le bon plaisir du roy, dont il fist que saige (COMM. V, 15)N'ayez plus d'esperance en ce sainct homme ni en autre chose, car seurement il est fait de vous [paroles des commissaires ecclésiastiques à Louis XI mourant] (COMM. VI, 12)Vous savez bien où est le grand jardin de ceans, ne faites pas [n'est-ce pas] ? (LOUIS XI Nouv. XLVI)Le lieu n'est grain honneste, il y fait trop puant (LOUIS XI ib. LXXXVIII)Elle qui estoit faite [fûtée] et pourvue de bourdes, lui dit.... (LOUIS XI ib. LXXXVIII)

XVIe s.L'un brusle et ard, l'autre est transi ; Qu'ai-je que faire d'estre ainsi ? (MAROT I, 212)Vautil pas mieux doncques que tu la comptes, Que d'endurer mille peines et hontes ? Certes si fait (MAROT I, 254)Doresnavant que tu deviens homme et te fays grand, il te fauldra.... (RAB. Pant. II, 8)Je meurs, c'est faict de moy (RAB. ib. IV, 19)Dessoubs le voile nocturne Tout se fait paisible et coi (DU BELLAY III, 79, recto.)Il jappoit comme un petit chien, a quoi la chambriere estoit faite, qui lui ouvroit incontinent la porte (DESPER. Contes, LVI)Je ne scay que faire de croire que ce le soit [je ne puis croire que c'est lui] (DESPER. Cymbal. 77)Nous ne faisons que partir de boire, toutefoys.... (DESPER. ib. 79)Il est pour faire un present [digne d'être offert en présent] au roy (DESPER. ib. 141)À ce que m'ayant perdu, ce qu'ils ont à faire bientost, ils y puissent retrouver aucuns traicts de mes conditions et humeurs (MONT. Au lect. p. XI)Donner loy au pis faire (MONT. I, 25)Faictes place aux aultres (MONT. I, 86)Nous n'en avons que faire (MONT. I, 97)Les sauvages d'Escosse n'ont que faire de la Touraine [ils n'en voudraient pas] (MONT. I, 116)S'il y a quelque degré d'honneur, mesme au mal faire (MONT. I, 121)Se faire fort de veoir.... (MONT. I, 123)Hommes faicts (MONT. I, 181)Se faire le poil et les ongles (MONT. ib.)Il n'en fault pas faire à deux (MONT. I, 183)Caton n'en faisoit que rire (MONT. I, 189)Non comme il se faict [comme l'on faict] (MONT. I, 183)La bonne rhythme ne faict pas le bon poëme (MONT. I, 189)C'est une bonne chose que le bien dire, mais non pas aussi bonne qu'on la faict (MONT. I, 193)J'estois desja si faict et accoustumé à.... (MONT. I, 220)Soit qu'il feist soleil ou qu'il pleust (MONT. I, 260)Il ne faict que d'en venir (MONT. ib.)Un esquif qui faict eau (MONT. II, 222)C'est à faire aux seuls Spartiates de... (MONT. IV, 67)Il faict bien piteux et hazardeux, despendre d'un aultre (MONT. IV, 97)Qui le croiroit, s'il ne faisoit que l'ouïr dire et non le veoir ? (LA BOÉTIE 18)Ce sont ceux qui, ayant la teste d'eux mesmes bien faite, l'ont encore polie par l'estude et le sçavoir (LA BOÉTIE 43)Mais comme on dit, pour fendre le bois, il se fait des coings du bois mesme (LA BOÉTIE 65)De ton bien, il s'en feroit d'argent plus de cent fois autant (LA BOÉTIE 117).... Ou bien si toy mesme enseignes tes receveurs et les fais de ta main (LA BOÉTIE 207)Si les hommes virent [tournent] la terre et la font [labourent] à bras (LA BOÉTIE 230)De chanter rien d'autruy meshuy qu'ay je que faire ? Car de chanter pour moy je n'ai que trop à faire (LA BOÉTIE 504)Par l'oisiveté les maladies se font plus frequentes, et les corps deviennent delicats (LANOUE 125)On m'asseura que la Bretaigne, qui est des plus grandes, feroit [fournirait] aisement trois cens bons chevaux (LANOUE 233)Qu'un gentil-homme aille teindre son espée dans le sang de son ami, avec lequel il n'avoit fait auparavant qu'un lict, qu'une table, et qu'une bourse (LANOUE 247)Il commençoit à se faire tard (LANOUE 562)Il commença à devenir presumptueux, se devoyant ès fa çons de faire de monarchie superbe et odieuse à chascun (AMYOT Rom. 41)Ceulx qui estoient plus faits et plus forts, apportoient du bois : et ceulx qui estoient plus petits et plus foibles, des herbes (AMYOT Lyc. 36)C'est bien et devotement fait, de penser que l'on ne doibt toucher aux trespassez, non plus qu'aux choses sacrées (AMYOT Solon, 39)Quoy ! tu mors comme une femme, Alcibiades ; ce non fais, respondit il, mais comme un lion (AMYOT Alc. 3)Il prit plaisir et feit gloire de se vestir simplement (AMYOT Pélop. 6)Et si estoit [la barque] desja si pesante et si remplie de l'eau qu'elle faisoit que.... (AMYOT Lucull. 24)Lucullus ne faisoit que de se mettre à sommeiller (AMYOT ib. 29)Il se met à la voile sans aborder nulle part, sinon où il estoit contrainct à ce faire, pour prendre vivres ou faire eau (AMYOT Pomp. 107)Si bien Caton, disoit-il, n'a que faire de Rome, certainement Rome a affaire de Caton (AMYOT Cat. d'Utiq. 44)Caton, onques puis ce jour là, ne feit ny ses cheveux, ny sa barbe (AMYOT ib. 68)Leur disant que la perte n'estoit pas à l'adventure si grande comme l'on la faisoit (AMYOT ib. 77)Sans y avoir esgard, ilz avoient tousjours fait les choses qu'ilz voyoient estre à faire par raison (AMYOT Demosth. 27)Ctesiphon l'escrimeur voulut faire [lutter] à coups de pied, et regibber à l'encontre de sa mule (AMYOT Com. refréner la colère, 14)Les Abantes sont les premiers qui se sont ainsi faictz tondre (AMYOT Thésée, 5)Le peuple ne s'en feit que rire [ne fit que s'en rire] (AMYOT Pélop. 56)N'avez-vous fait qu'une maîtresse à Paris ? (D'AUB. Faen. II, 10)Il se fait donner des cizeaux, commence à s'en faire les ongles (D'AUB. ib. III, 5)Ceux-ci, ayant faict 25000 hommes, assiegerent Ulpian (D'AUB. Hist. I, 24)Je n'ai que faire à ceux à qui nature a donné le ventre pour delices, l'esprit et le courage pour fardeaux, eux aussi n'ont que faire de moi (D'AUB. ib. II, 489)Le patient au lieu d'urine fait du sang (PARÉ VIII, 34)Il entra en matiere et monstra que ce decret faisoit pour lui [lui était favorable] (SLEIDAN f° 6)Les vents appaiseront leurs haleines terribles, La mer se fera douce (RONS. 930)

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. fare ; picard, fouère, foaire ; wallon, fér ; provenç. far, fair, faire ; catal. fer ; espagn. hazer ; portug. fazer ; ital. fare, du latin facere. On est incertain pour la provenance de la racine fac. Curtius, Étym. grecques, I, 52, 219, la rattache, non sans vraisemblance, au sanscrit dhâ, faire, poser, qui a donné le grec ; dh sanscrit se change quelquefois en f dans le latin, par exemple dhûma, fumus ; le c serait une lettre euphonique, comme en grec ; enfin l'a bref de facio aurait son parallèle dans l'e bref du grec.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1. FAIRE. Ajoutez :

65. Faire à la chose, contribuer à ce qu'une chose soit mieux.

Il m'a semblé que ces morceaux faisaient à la chose, ne marquaient point d'humeur.... (J. J. ROUSS. Lett. à d'Alemb. 26 juin 1754)

83. En termes d'argot, se livrer à un genre particulier de vol.

M. le président : Cette femme faisait les mariages, c'est-à-dire qu'elle suivait les mariages pour faire les porte-monnaie (Gaz. des Trib. 30 déc. 1874, p. 1247, 1re col.)

FAIRE (s. m.)[fê-r']

1. L'action, la puissance de faire.

Dieu donne le vouloir et le faire selon son bon plaisir (FÉN. Exist. I, 65)

Que je te hais, dit-elle, en embrassant le sire ! Contraste assez plaisant du faire avec le dire (LAMOTTE Fab. V, 20)

2. Terme d'art. Manière propre de chaque artiste.

Les anciens graveurs de la Grèce avaient un faire léger et fin (MACIETE Des pierres gravées, p. 84, dans RICHELET)

Donnez à Vien la verve de Doyen qui lui manque, donnez à Doyen le faire de Vien qu'il n'a pas, et vous aurez deux grands artistes (DIDEROT Salon de 1767, Oeuvres, t. XIV, p. 319, dans POUGENS.)

Ton général, caractère d'une oeuvre. Ce tableau est d'un beau faire.

Le faire on est incomparablement plus libre, plus fougueux, plus hardi, plus chaud et plus beau (DIDEROT Salon de 1767, t. XV, p. 61)

Diderot l'a écrit sans signe du pluriel : Il y a une infinité de faire différents, Peint. en cire, Oeuvres, t. XV, p. 390. Il vaut mieux lui donner ce signe : Des faires différents.

Il y a loin du dire au faire.

ÉTYMOLOGIE

Faire 1.

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Fait

                   
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Faire

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 Pour l’article homophone, voir fer.

Faire est un verbe de la langue française. Il constitue un élément essentiel de la construction de la langue française par sa forte polysémie. « On peut en effet considérer le verbe faire comme implicitement contenu dans tous les autres au même titre que le verbe être »[1]. Bien que pouvant être utilisé pour exprimer de nombreuses actions ou idées, le verbe faire est en général remplacé par un verbe synonyme plus précis dans le langage soutenu.

Selon le dictionnaire Littré, le verbe faire est un « mot à signification très étendue qui, exprimant au sens actif ce que agir exprime au sens neutre, et au sens déterminé et appliqué à un objet ce que agir exprime au sens indéterminé et abstrait, dénote toute espèce d'opération qui donne être ou forme »[2]. Ce dictionnaire cite 83 emplois de ce verbe à la fin du XIXe siècle, sans compter les très nombreux emplois régionaux ou considérés comme incorrects[3].

Sommaire

Fonction d'opérateur

Parmi ces emplois, faire possède la fonction d'opérateur grâce à laquelle il peut être utilisé pour remplacer presque n'importe quel verbe[4]. Une construction

Nom1 + Verbe + Nom2

peut souvent être remplacée par

Nom1 + fait le (ou la) + Nom3 + de + Nom2

où Nom3 est un nom de sens proche de Verbe.

Exemple[3]
Jean décrit la scène

possède la même signification que

Jean fait la description de la scène.

Dans le cas de certains verbes « psychologiques », le sujet est passif, ce qui rend le verbe faire synonyme du verbe être[5] :

Pierre étonne Paul.
Pierre fait l'étonnement de Paul.
Pierre est étonnant pour Paul.

Variations géographiques

L'usage de ce verbe peut varier suivant les régions ou les pays.

En français d'Afrique (notamment au Burundi et au Cameroun), l'usage du verbe faire s'est étendu à de nombreuses expressions, considérées comme incorrectes en français de France et non mentionnées dans les dictionnaires de référence. A contrario, le verbe faire en tant que semi-auxiliaire factitif est souvent omis[6] :

Vous nous perdez le temps

au lieu de

Vous nous faites perdre du temps.

Au Canada, le verbe faire vient en renfort de pourquoi, de façon analogue à est-ce que[7] :

Exemple
Pourquoi est-ce que le monde existe ? (français de France)
Pourquoi c'est faire (que) le monde existe ? (français du Québec)
Quoi faire le monde existe ? (français de Terre-Neuve, avec élision du pour de pourquoi)

Sources

  • Peter Lauwers, La description du français entre la tradition grammaticale et la modernité linguistique : étude historiographique et épistémologique de la grammaire française entre 1907 et 1948, Peeters Publishers, 2004, 777 p. (ISBN 9042914726) 
  • Thierry Ponchon, Le verbe faire en français médiéval, vol. 211, Librairie Droz, coll. « Publications romanes et françaises », 1994, 463 p. (ISBN 260000047X) 
  • Claude Frey, « Variétés diatopiques et usages du verbe "faire" : un cheval de Troie dans l’approche différentielle ? », dans Le français en Afrique, Revue du Réseau des Observatoires du Français Contemporain en Afrique Noire, Institut de la langue française – CNRS, Nice, no 22, 2007, p. 83-106 [texte intégral] 
  • Marie-Thérèse Vinet, D'un français à l'autre : la syntaxe de la microvariation, Les Editions Fides, 2001, 194 p. (ISBN 2762122104) 
  • María Teresa García-Castanyer, « Le verbe <FAIRE>, pro-verbe et verbe opérateur, dans quelques textes sur la langue française du XVIIe au XIXe siècles », dans Anales de filologia francesa, no 4, 1992 [texte intégral] 
  • « Faire », dans Dictionnaire Littré, 1863-1877 [texte intégral] 
  • Jacqueline Giry, « Remarques sur un emploi du verbe faire comme opérateur », dans Langue française, vol. 11, no 1. Syntaxe transformationnelle du français, 1971 [texte intégral] 
  • Martin Riegel, Jean-Christophe Pellat et René Rioul, Grammaire méthodique du français, PUF, 2004, 672 p. (ISBN 2130539599) 

Références

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